ESCP Europe Alumni Magazine - n°129 - Mars 2010 - 20

Focus

Du bleu dans le ciel
Nathalie de ZIEGLER [83]

D.R.

C
Chiffres clé easyJet
- 4ème compagnie européenne - 43 millions de passagers par an - 165 avions - 103 aéroports - 26 pays

omment une passionnée du voyage aérien a concrétisé son rêve en devenant pilote de ligne sur easyJet ? Nathalie raconte ici son cheminement personnel et décrit le modèle économique de cette compagnie qui fonde sa stratégie sur la prise de trafic à ses concurrents. Interview. Quel a été votre cheminement pour devenir pilote de ligne après l’École ? En 1984, l’investissement que je fis avec mon premier salaire fut celui de la formation de pilote privé. C’est d’ailleurs peut être cet élément de mon CV qui retint l’attention du directeur du marketing de Colgate-Palmolive qui me recruta quelques mois plus tard, comme assistante chef de produit. Je quittai alors cette société en 1986, rattrapée par le virus de l’international et du voyage aérien. Le Groupe Lesieur m’offrit une opportunité que je ne pus refuser : développer une gamme de produits alimentaires so french au Japon et au Royaume Uni… Chaque voyage était pour moi l’occasion de demander à faire l’atterrissage dans le cockpit, et quand, sur un Lisbonne, je découvris que le copilote était une jeune femme de mon âge, et que la demande de pilotes explosait, je me dis « pourquoi pas moi ? » Je quittai alors Lesieur pour faire ma formation de pilote professionnelle puis de pilote de ligne. À 27 ans, me retrouver à étudier les systèmes complexes d’un avion sur les bancs de l’École ne fut pas un long fleuve tranquille, et la partie pratique entièrement autofinancée ne fut pas plus facile. Néanmoins, au

fur et à mesure que je me rapprochais du but, le métier devenait enfin concret et me passionnait. Quelques mois plus tard, je trouvai mon premier job de copilote au Bourget, puis chez AOM en 1994, où je pris les commandes de machines de rêve DC10, MD83 puis Airbus A-340. Après la faillite d’AOM en 2003, je travaillai pour deux compagnies long courrier sur Airbus avant de rejoindre easyJet en 2005, où je suis maintenant commandant de bord, ce qui signifie responsable de mission, gestionnaire d’équipe et pilote de ligne. Comment est née easyJet ? Quel en est le modèle économique ? Partie d’un unique appareil en 1995, easyJet est aujourd’hui la 4ème compagnie européenne. À l’origine, un jeune cypriote visionnaire et fortuné : Stelios Haji-Ioannou. Son idée : adapter le modèle low cost américain à l’Europe. Son objectif : faire d’easyJet la meilleure compagnie low cost du monde. Au centre du système : le consommateur, à qui la compagnie offre un concept simple, pratique, innovant et un excellent rapport qualité/prix pour tout voyage point to point. Qu’est-ce qui fait la différence avec les autres low cost et avec les compagnies nationales ? Contrairement à ses concurrents low-cost, easyJet opère d’aéroports majeurs, proches des grandes villes et vise une clientèle d’affaires autant que de vacanciers. Contrairement aux compagnies nationales, la compagnie a pu se développer sur des bases entièrement novatrices. C’est un enfant du web ! Le site internet est convivial et constamment optimisé. Les coûts sont analysés et maîtrisés, la productivité du personnel sol et des navigants très élevée. Quant à la sécurité, elle fait partie intégrante du système. L’entretien est fiable (un avion immobilisé coûte cher) et les équipages bien entraînés. EasyJet a créé un nouvel espace de vente dans le ciel : si l’exploitation rapporte peu, les profits sont principalement générés par les ventes à bord et les dérivés financiers. Brilliant, isn’t it ? l Propos recueillis par Nicole Gérald

D.R.

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