ESCP Europe Alumni Magazine - n°127 - Novembre 2009 - 30

Itinéraires Inspirez le futur François PETIT [84] D.R. rançois a su profiter des compétences acquises à l’École pour créer, tout juste diplômé, la société ITN lauréate du « Prix de la stratégie 2009 », parrainé par le Ministère de l’Économie et des Finances ! Sa réussite repose avant tout sur la rencontre d’une idée et des compétences complémentaires de toute l’équipe. Est-ce vrai que tu as créé ta société dès ta sortie ? Peux-tu raconter cette aventure ? Aujourd’hui, ce n’est plus « ma » société. Nous sommes désormais plusieurs associés, alors qu’en 1985, j’étais effectivement seul. J’ai fait partie des férus d’informatique qui ont participé à la création de l’option « Management-Information-Systèmes ». Cette option, dirigée par Michel Massiou et animée conjointement par Simona Lardera Weber, avait pour vocation de donner à de futurs managers les moyens de gouverner le système d’information (SI) ; le principe étant que pour le piloter, il fallait d’abord le connaître et le comprendre, ce que nous étions plus logiquement à même de faire que des ingénieurs. Une option informatique, soit. Mais quel est le rapport avec la création ? Un jour, je reçois un appel téléphonique alors que je développais des programmes Fortran sur le système de l’École : un assureur, Patrice Lacan, Directeur de Leblanc de Nicolay (futur Aon) recherche à former ses cadres dirigeants à l’informatique. Il compose un mauvais numéro de téléphone et c’est moi qui décroche. Je lui explique que sa demande me semble peu en adéquation avec des cours de formations traditionnels à l’informatique de l’époque et il me convie à en débattre avec lui. Après une longue discussion, j’ai bientôt mis en place une démarche de maquettage d’applications « métier » pour son équipe de direction grâce à l’utilisation d’outils de développement R.A.D (Rapid Application Development) importés des États-Unis. Et alors ? Alors, j’ai travaillé avec la Junior Entreprise et validé la pertinence de ma démarche de création de logiciels : mettre en face d’un ex- pert métier (tant chez les courtiers que dans la réassurance ou face à une problématique complexe de gestion de flotte automobile), un expert ayant un profil de gestion, capable de comprendre la matière et ayant des outils de prototypage. Et puis, avant la sortie de l’École, j’avais déjà travaillé sur le secteur des assurances que je connaissais bien et on m’a alors proposé des postes dans des fonctions informatiques traditionnelles qui représentaient l’exact opposé de la démarche que j’avais entreprise. J’ai donc dû créer ma structure et inventer un métier. Inventer un métier ? Lequel ? Concepteur de progiciel pour le secteur de l’assurance. Rappelle-toi qu’à l’époque, la maîtrise des systèmes d’information semblait naturelle à toutes les sociétés et donc a fortiori aux banques et sociétés d’assurance. Elles avaient toutes d’énormes équipes informatiques et répugnaient à acquérir des solutions clé en main. Vendre une solution progicielle n’entrait pas dans la pratique professionnelle des assureurs et nous avons d’abord travaillé avec des petites structures, comme des courtiers avant de pouvoir prospecter les grands comptes que nous citons comme référence depuis cinq ans. Peux-tu nous parler de ce développement ? Est-ce que le succès a été immédiatement au rendez-vous ? J’avais mesuré dès mon passage à l’École l’importance d’une approche radicalement innovante, particulièrement dans le monde de l’assurance, aux usages et traditions très ancrées. J’étais convaincu du bien fondé de ma démarche. L’opportunité de conception d’une solution de gestion d’une flotte automobile pour un courtier d’assurance francilien, aujourd’hui leader mondial du courtage, a été le déclencheur qui m’a permis de concrétiser mon idée de départ. Mais, il est vrai que l’atteinte des jalons que j’envisageais alors (1 MF, 2 MF, 5 MF…) a exigé de la patience. Il fallait sans cesse convaincre et justifier des retours sur investissement de notre démarche pour cautionner le choix d’ITN auprès de prospects dubitatifs. Malgré les doutes inhérents à la vie d’une « J’ai dû créer ma structure et inventer un métier. » ESCP Europe Magazine N° 127 - Novembre 2009

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