ESCP Europe Alumni Magazine - n°127 - Novembre 2009 - 24

Zoom À fond les manettes ! Stefan BOLE [Executive MBA 00] D.R. N intendo fait de la résistance dans le monde de l’entertainement grâce à un potentiel de croissance conséquent, à une culture de l’innovation soutenue et en jouant sur la différenciation. Et tout cela dans la convivialité. Retour sur la révolution des jeux vidéo avec Stefan BOLE, aux commandes de Nintendo France pour toujours plus de fun. Quel modèle économique avez-vous adopté ? Le marché du jeu vidéo est un marché de contenus dont le modèle économique est rythmé par chaque génération de console dont le cycle de vie varie de 6 à 10 ans. Les plus grands et les meilleurs jeux commercialisés tirent les ventes de consoles et dynamisent le marché. Toute la chaîne de valeur se rémunère sur ces jeux, des développeurs aux éditeurs en passant par les distributeurs ou les constructeurs. Depuis 2005 et le lancement de Nintendo DS, puis un an plus tard avec celui de Nintendo Wii, notre stratégie consiste à élargir la cible du jeu vidéo, tout en fidélisant notre clientèle traditionnelle. En partant du constat selon lequel, tout le monde lit, regarde des films, écoute de la musique, et qu’une majorité de personnes ne jouaient pas au jeu vidéo, nous avons pensé que ce marché bénéficiait d’un réservoir de croissance important, à condition de pouvoir surprendre les consommateurs. Nous nous sommes dits que ceux-ci voulaient avant tout plus de plaisir et de convivialité, pas forcément plus de sophistication technologique, de graphismes réalistes ou de scénaris complexes. De quelle façon les jeux ont-ils évolué ? En simplifiant les interfaces de nos consoles nous les avons rendues plus intuitives et moins anxiogènes. Au lieu de se contenter de proposer toujours plus de puissance de calcul pour des graphismes toujours plus réalistes, la Nintendo DS a offert un écran tactile, de la reconnaissance vocale, et peut se tenir comme un livre, et la Wii est la seule console permettant la reconnaissance de mouvements à partir d’une manette ressemblant à une télécommande. Ces révolutions d’interfaces ont permis une grande accessibilité à des joueurs de tous âges, de plus en plus souvent débutants. De nouveaux concepts de jeux totalement inédits, sortant des thématiques habituelles du marché, ont ensuite été proposés aux consommateurs. En matière de divertissement, les gens ne savent pas forcément ce qu’ils veulent jusqu’à ce qu’on le leur propose. Il y a 3 ans il n’allait pas de soi d’utiliser une console de jeu pour avoir une relation avec un animal virtuel (Nintendogs), entraîner son cerveau (avec le Dr Kawashima, ou les énigmes du Professeur Layton), prendre des leçons de cuisine, se remettre en forme en s’amusant à plusieurs (Wii Fit plus), ou s’amuser avec tous les membres de la famille dans une partie de tir à l’arc, de sabre, de ping-pong, ou de canöé… (Wii Sport Resort). Ces usages ont brisé le cliché dominant jusque-là du joueur masculin solitaire assis dans le noir devant son écran, et permis d’élargir la cible, en ouvrant le jeu vidéo notamment aux femmes et aux seniors à travers des expériences conviviales sources d’échanges intergénérationnels. En quoi ce modèle économique vous permet-il de résister à la crise en cette fin d’année ? L’industrie du divertissement dans son ensemble résiste plutôt bien en période de crise et le jeu vidéo est l’un des plus « économiques » D.R. « En matière de divertissement, les gens ne savent pas forcément ce qu’ils veulent, jusqu’à ce qu’on leur propose. » ESCP Europe Magazine N° 127 - Novembre 2009

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