ESCP Europe Alumni Magazine - n°127 - Novembre 2009 - 15

Business Toutes griffes dehors Pierre BELLON [73] D.R. ffaire de famille depuis plus d’un siècle, Pierre BELLON a depuis toujours évolué dans le beau et dirige aujourd’hui, avec sa femme, leur entreprise de joaillerie. Avec des hauts et des bas Comment êtes-vous devenu « héritier » de la bijouterie familiale ? Je suis un héritier puisque l’entreprise créée au début du siècle par mon arrière grand-père (joaillier-sertisseur de formation) a ensuite été dirigée par son gendre (bijoutier) puis par mon père (également bijoutier de formation). Je suis le premier « technocrate » de la famille, avec heureusement une bonne connaissance des éléments techniques de ce métier, acquise sur le tas. Avec ma femme Michèle (HECJF 73), nous avons racheté l’entreprise à mes parents en 1989, avec un projet marketing précis autour de la marque Bellon Créateur et d’une nouvelle gamme de bijoux. Nous voulions utiliser les compétences techniques de l’entreprise et son expérience de la qualité et du service client pour développer une marque de Fabricant Français créative, adaptée aux styles de vie des consommatrices. Je m’investis personnellement sur le plan commercial, et ma femme est PDG de la société. Malheureusement, le lancement a été fait en 1990, juste avant la 1ère guerre du Golfe, et nous avons été très touchés en 1991 par la défaillance financière d’un gros groupe coopératif de distribution, ce qui ne pardonne pas pour une petite entreprise. Nous avons alors dû reconstruire l’entreprise (après redressement judiciaire) sur des bases beaucoup plus modestes, mais en gardant la volonté créative, la démarche de différenciation et la volonté de fabriquer en France des bijoux de qualité. Actuellement, nous avons 35 collaborateurs en interne et un réseau de sous-traitants. Nous sommes une PME en France dans une activité où l’essentiel de la production se fait à l’autre bout du monde ! Avec la crise, votre secteur d’activité marque-t-il le pas ? Il était probable dès le début de la crise actuelle, compte tenu de son ampleur, que les budgets non obligatoires allaient être pénalisés, mais une possibilité existait aussi que, dans le contexte de crise économique et aussi « morale », les consommateurs allaient avoir encore plus besoin de compenser et pourraient transférer une partie de leur budget vers des produits « plaisir » comme les bijoux. Les répercussions sont différentes selon les créneaux, mais globalement, la consommation française de bijoux précieux qui plafonnait depuis quelques années, a baissé de 5 à 10 % depuis mi 2008. La distribution très éclatée dans notre secteur, et disposant de moyens financiers limités, a amplifié le phénomène en réduisant ses achats de 30 à 40 %. La situation est donc difficile pour des sociétés comme la nôtre, car ses finances dépendent très directement de la régularité de l’activité. De quelle façon, en tant qu’entreprise familiale, réagissez-vous ? L’entreprise a déjà plus d’un siècle et est de taille assez limitée mais elle revendique de nombreux atouts : richesse de son histoire et de son expérience, qualité et technicité de la main d’œuvre, capacité de création et d’innovation, sens du service client. Il faut lui reconnaître cependant quelques faiblesses : coûts de production élevés, fonctionnement compliqué en raison des contraintes administratives françaises… Nous agissons tous les « Une PME en France dans une activité où l’essentiel de la production se fait à l’autre bout du monde. » D.R. ESCP Europe Magazine N° 127 - Novembre 2009

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