ESCP-EAP Mag - n°123 - Mars 2009 - 60

Voyages La route n’est jamais plate. Succession de faux plats montants et descendants balayés par le vent. Chaque prise de bidon ou de gel énergétique doit être mûrement réfléchie au risque de se retrouver dans le bas côté à cause d’une rafale toujours imprévisible. Du 120ème au 180ème km, je remonte un joli paquet de concurrents. Mais je force beaucoup sur les pédales ce qui m’occasionne des douleurs lombaires. Les quelques étirements auxquels je m’exerce sur mon vélo n’améliorent pas vraiment la situation. De retour à Kailua, je négocie impeccablement bien ma descente de vélo. Pieds nus sur les chaussures, je saute en marche et laisse filer mon vélo dans les mains d’un bénévole. J’attrape mon sac de transition, enfile mes chaussures de running et repars aussitôt. Je boucle les 180 km en 5h10. D.R. Enchaînement sur le marathon Le début du marathon est très difficile. Je me traîne sur 1km et décide de m’arrêter pour m’étirer. Je repars sous les encouragements de mes supportrices et de la foule environnante. Mes étirements se révèlent très efficaces. Je reprends un bon rythme en l’espace de 500 mètres. Je tourne mon premier 10 km à environ 12km/h. Aussi incroyable que cela puisse paraître, je me sens de mieux en mieux au fil des kilomètres, et reprends des concurrents. Le marathon commence vraiment au km 15 environ, sur la Queen K Hwy. Il n’y a plus de public, et on se retrouve tout seul pour 27 km dans la fournaise. J’avais repéré cette section à l’entraînement et je savais que ce serait le morceau de bravoure de ce marathon. Je l’aborde extrêmement serein car je sais que j’ai encore de la ressource. Les km s’enchaînent ainsi dans une atmosphère de sauna. Un thermomètre sur le bord de la route indique 100°F (37°C) : je comprends pourquoi je consomme autant d’éponges ! Me voilà au semi-marathon. Psychologiquement, je sais que j’ai fait le plus dur. Il me reste encore 15 petits km pour rallier l’arrivée. Ça prend forme. Je suis étonnamment bien et allonge mes foulées. Je vais courir la 2ème moitié de mon marathon plus rapidement que la 1ère. C’est la classe Les 5 derniers km sont presque une formalité. Je savoure l’instant. Je repense d’où je viens et à mes galères de début de marathon. Qui eut cru que j’arriverais à aller chercher aussi loin au fond de moi pour repartir de la sorte ? Je passe les derniers virages et me voilà sur Alii Drive. La foule est compacte. Je lève des poings rageurs vers le ciel. Rarement une arrivée de course m’aura apporté telle satisfaction. Je repense à ces sorties vélos sous la pluie à 5h du matin et réalise que je n’ai pas fait tout ça pour rien. Je repense à mes proches que je n’ai pas sollicités pour rien. Je repense à tout cet investissement qui a porté ses fruits. C’est magique. Je boucle finalement le marathon avec un plus que correct 3h25, sachant que j’ai perdu environ 5 minutes sur le 1er kilomètre. Bref, plus que satisfait. Au final, je suis donc 193ème /1736 arrivants de cette 30ème édition des championnats du monde Ironman. Je boucle la course en 9h46mn04s. Mon seul regret ? Ma découverte de l’archipel se sera malheureusement limitée à Kona, les contraintes inhérentes à ma préparation ne m’ayant pas permis de visiter d’autres îles. Une bonne raison pour y retourner… l 9h 46mn 04 sec d’efforts intenses. Dans le dernier ESCP-EAP Magazine, Patrick FAVRE (90) nous comptait ses aventures lors de sa course en solitaire à travers l’Atlantique à la rame. Nous nous excusons auprès de lui pour la signature de son article qui a été remplacée par l’auteur de l’article du magazine précédent, et nous en profitons pour vous donner des nouvelles de ses projets par rapport à la prochaine édition de la course. « Les 22 bateaux des concurrents de Rames Guyane 2009 sont partis mi-janvier sur un cargo « Le Virana » à destination de Dakar. Les containers ont été stockés à Dakar, puis chargés sur des camions à destination de Saint Louis (à 300 km au Nord de Dakar) pour être le 25 février à destination. Là, les skippers, partis le 23 février de Paris, étaient présents pour décharger les containers. Seuls 16 Français ont déjà traversé l’océan Atlantique à la rame en solitaire. 8 l’ont fait lors de la 1ère édition de Rames Guyane, en 2006. La dernière phase de la préparation a commencé. Pour ma part, il me reste à me procurer en matériel le téléphone satellite, la caméra, l’ordinateur et divers détails de confort ou d’ergonomie. L’entraînement et la recherche sponsors continuent. J’étais mi-janvier en séminaire avec mon sponsor Victoria Patrimoine et Gesdom avec une cinquantaine de collaborateurs de ces sociétés pour présenter la course, le bateau et ma participation ». Patrick FAVRE 60 ESCP-EAP MAGAZINE N° 123 - Mars 2009

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