ESCP-EAP Mag - n°123 - Mars 2009 - 59

News Dès lors, en 2008, j’abordais les championnats d’Europe Ironman avec la ferme intention de faire mieux. Le 6 juillet, à Francfort, je franchissais la ligne d’arrivée en 9h04, avec la 32ème place au général et 2ème français. Mon excellente performance me permettait de décrocher le précieux sésame : ma qualification pour aller participer aux championnats du monde distance Ironman, à Hawaï, le 11 octobre 2008. Départ au son de la conque D.R. Découverte du terrain Dimanche 5 octobre 2008, nous atterrissons enfin à Kona. Ma femme (Anne-Laure (00)) m’accompagne. La descente de l’avion par la passerelle nous impose tout de suite la réalité de cette île perdue au milieu du Pacifique : il fait chaud, très chaud et le Ho’omumuku (nom local du vent) souffle fort. Les alizés se mélangent aux vents thermiques et balayent en permanence les pentes de l’île volcanique. Je commence à comprendre pourquoi cet Ironman est réputé si difficile. L’archipel d’Hawaï est composé de 6 îles principales : Oahu, Maui, Kauai, Hawaii, Molokai et Lanai. Elles forment la partie émergée d’énormes volcans basaltiques formés sur une dorsale sous-marine. Les plages paradisiaques, la mer de couleur turquoise, la végétation luxuriante, la douceur du climat tropical, la richesse de la faune aquatique séduisent au premier regard. Je profite du reste de la semaine précédent la course pour peaufiner ma préparation et effectuer plusieurs entraînements d’acclimatation. Chaque sortie est l’occasion de découvrir la richesse de cette île : natation au-dessus des massifs de corail, parmi les tortues et les raies manta, vélo et footing dans des paysages volcaniques lunaires. La reconnaissance du parcours vélo me permet de sillonner la côte ouest de l’île, à flan de volcan. Les bourrasques de vent sont si fortes que chaque année, des concurrents se font balayer et finissent dans des champs de lave… 7h. Un Hawaïen en tenue locale et paré d’un collier de fleurs souffle dans une conque. Suit un coup de canon. Et me voilà engagé dans le plus long programme de machine à laver que je n’ai jamais expérimenté. Les coups pleuvent. Je mets des jambes et accélère en pensant que je vais pouvoir m’extraire du paquet. Au bout de quelques minutes, j’ai toujours l’impression d’être un linge battu au lavoir. Au moins, les fonds sous-marins sont magnifiques ! Malgré de bonnes sensations de glisse, je suis toujours coincé au milieu du banc de nageurs. Finalement, il faut attendre le demi-tour au large pour que ça s’éclaircisse un peu. 1h03 pour les 3 800 mètres de natation en mer, avec la 416ème place. Ça me change des autres triathlons où j’ai l’habitude de sortir mieux placé. Transition à vélo Pédaler dans la fournaise. D-Day Bonne transition en 3’. Je saute sur le vélo et enfile les chaussures déjà fixées sur les pédales. Les 10 premiers kilomètres sont la seule partie sinueuse du parcours. S’ensuit un aller-retour à Hawi de 170 km sur la Queen Ka’ahumanu Hwy, dans un fort vent et une chaleur écrasante, avec 2 virages et un demi-tour. Le reste, c’est du tout droit. Passé Energy Lab, la file de cyclistes commence à s’étirer. Les arbitres sont très présents et les pénalités pour drafting tombent autour de moi (il est en effet interdit en triathlon de « prendre la roue » en vélo, c’est-à-dire de s’abriter derrière un autre concurrent). Les ravitaillements se succèdent tous les 7 miles environ. Il fait très chaud. Tout est noir autour de moi (l’asphalte de la route, les champs de lave) et la chaleur qui remonte du sol est étouffante. J’ai la plante des pieds en feu dans mes chaussures dont la semelle en carbone est chauffée par la réverbération. À chaque ravitaillement, je jette mon bidon et j’en prends un frais : en l’espace de 7 miles, le liquide est passé de glacé à température ambiante, c’est-à-dire entre 35 et 40°. L’archipel d’Hawaï est composé de 6 îles principales. D.R. 6h30. Je rejoins l’aire de départ natation sur la minuscule plage située au pied de la jetée de Kailua. Les 2000 concurrents se mettent à l’eau les uns après les autres et rejoignent la ligne de départ, située 200 mètres au large. Je décide de partir sur la gauche car il paraît que ça cogne moins qu’au centre. L’hymne américain retentit. Un hélicoptère vrombit au-dessus de nous et un avion de l’US Navy salue à sa manière les athlètes en faisant du rase motte au-dessus de nos têtes. 6h50. Me voilà en place en 1ère ligne. Encore 10 minutes à patienter en rétro-pédalage. Un incessant ballet de lifeguards matérialise la ligne de départ et nous incite à reculer. Mais le stress du départ augmente et les concurrents s’amassent sur la ligne. Je me fais couler deux trois fois, me prends quelques coups qui me rappellent que j’ai une côte fêlée. Le départ va être violent. ESCP-EAP MAGAZINE N° 123 - Mars 2009 59

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