ESCP-EAP Mag - n°123 - Mars 2009 - 24

Zoom Quand le bâtiment va… tout va ! Par Gilles CRISTOFORONI [74] V ieil adage ou cliché ? Faites-vous votre propre opinion après la lecture de ce bilan de l’immobilier en France dressé par Gilles CRISTOFORONI, Gérant de Immoxo-Actifinvest. 2008 : la crise financière larvée depuis plus de 20 ans éclate au grand jour. Le déclencheur : la crise des subprimes aux États-Unis qui a laissé s’endetter à l’excès ses « pauvres » en leur promettant une montée au ciel de l’immobilier de logement. Dans le même temps, qu’il faisait croire à leurs futurs retraités et aux fonds de pensions qu’ils pourraient leur verser durablement 10 à 15 % de rendement dans des économies occidentales à croissance en berne et à inflation progressivement ralentie. D.R. « mathématiciens » ayant depuis de nombreuses années passé leur temps à fabriquer des produits en décalage complet avec la création de valeurs « durables »… pour reprendre un mot à la mode. Moins de trois mois après, il ne fait plus aucun doute à personne que cette crise financière va se répercuter durement à l’économie réelle (faillite en chaîne, risque de déflation, augmentation du chômage, problèmes sociaux, etc.). Dans ce contexte pas nouveau, mais enfin accepté, les États et les Banques Centrales se voient donc contraints de prendre collectivement -une nouveauté- et rapidement, des mesures de soutien d’abord aux banques pour qu’elles jouent à nouveau leur rôle de prêteurs, puis à l’économie en général. De la crise des subprimes à la crise tout court Premières douleurs pour l’immobilier en France Conséquences : le marché boursier à peine remis de l’éclatement de la bulle Internet du début du siècle plonge. Alimenté par son lot d’ « affaires » : Kerviel et maintenant Madoff, en attendant de nouvelles découvertes… Septembre 2008 : la faillite de Banque d’affaires Lehmann Brothers donne le signal de la perte de confiance dans la sphère bancaire qui n’a pas su contrôler les dérives de ses D.R. Prix de vente des logements en France : + 140 % en 10 ans ! L’immobilier tertiaire (bureaux, entrepôts, centre commerciaux) largement tributaire de la bonne santé des entreprises voit sa progression stoppée : les entreprises, aujourd’hui propriétaires à 70 % de leurs locaux ne bougent plus ou cèdent ; les investisseurs qui avaient anticipé une augmentation des valeurs gèlent leurs acquisitions. La profession s’est lancée -elle aussi- dans la « financiarisation » à outrance, les subprimes en étant l’illustration extrême dévoyée. Cette dérive, acceptable à un certain degré dans l’immobilier commercial composé d’acteurs avertis, ne l’est pas dans le domaine du logement qui répond à un besoin fondamental. À ce niveau, le déséquilibre entre une offre insuffisante dans certaines zones et une demande accrue par le désengagement durable des pouvoirs publics du logement social, l’éclatement de la structure familiale, le vieillissement de la population, et -last, but not least- l’attrait des étrangers pour notre beau pays, ont entraîné une augmentation trop rapide des prix de vente des logements (+140 % ces 10 dernières années en France, même si ce chiffre est une moyenne qui ne reflète pas la réalité de chaque transaction !) qui s’arrête. Et le secteur du bâtiment dont les carnets de commandes étaient pleins depuis plus de 10 ans, commence à souffrir. Va-t-on vers un écroulement généralisé des prix immobiliers qui pourraient justifier pour les vendeurs, de céder à la casse dès qu’ils le pourront, et pour les acheteurs d’attendre indéfiniment ? Comme toujours, la solution devrait se trouver au milieu. 24 ESCP-EAP MAGAZINE N° 123 - Mars 2009

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