ESCP-EAP Mag - n°123 - Mars 2009 - 22

Zoom Les Radins au Pouvoir Par Luc MAROT [83] A près un démarrage foudroyant dans les années 90 et un développement constant au début du 21ème siècle, les costs killers sont en train de mourir. Luc pousse un coup de gueule et dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas… Et oui, quand on considère qu’un bon fournisseur est un fournisseur qui peut encore rétrocéder de la marge et dont on peut faire baisser les prix, on finit par tuer les fournisseurs. Les costs killers sont devenus des fournisseurs killers, et même, dans un avenir proche, des killers de costs killers. Car, quand on tue les fournisseurs, on se tue soi-même, surtout quand on a décidé d’externaliser une bonne partie de sa production. Exit les costs killers. Fin du premier acte d’une radinerie alors contreproductive. moins pour consommer mieux. Consommer moins pour mieux vivre ensemble. « Consommer Des cost killers aux Ecoconscious » Début des années 2000, l’environnement préoccupe tout le monde et personne ne fait rien. Un peu de protocole de Kyoto fin 1997 et le gaz à effet de serre s’échappe comme jamais (on est loin des réductions nécessaires pour ne faire que stabiliser les émissions). On a pu croire que ça allait s’améliorer mais c’étaient les ex pays de l’Est, avec leur fermeture d’usines obsolètes qui contribuaient passagèrement à une baisse. Depuis 2000, c’est plus 2,3 %. Le bobo parisien achète éthique, commerce équitable, mais son sens de l’écologie reste très en deçà des besoins de la planète. Et comme on le sait tous, aujourd’hui pour vivre comme des Américains, il faudrait cinq planètes Terre, pour vivre comme des Européens, il en faudrait trois. Le bon sens nous pousse néanmoins à penser que nous ne disposons, quelle que soit notre nationalité, d’une seule planète non extensible. Peut-être faudrait-il une nouvelle race de radins pour l’aider, notre bonne vielle Terre ? On remplacerait les costs killers par des « Ecoconscious ». Finie la réduction des coûts, vive la décroissance ? spécialistes appellent les externalités : les spermatozoïdes qui se raréfient, les abeilles qui disparaissent, la planète qui se réchauffe (et s’il y en a un qui lève la main en disant qu’il fait froid cette année, je lui rappelle ses cours de statistiques qui nous ont permis de quitter le café du commerce pour le début de la science). Et puis, patatras ! L’économie se casse la gueule ! Oups, la finance n’est plus le parangon de toutes les vertus. Y’a de l’eau dans le gaz. Et ça sent mauvais. En plus, les financiers qu’on a crus (et qui nous l’ont proclamé avec vigueur) être des supermen s’avèrent de tristes gogos : les uns ont été abusés par Madoff, les autres se sont désengagés sans rien nous en dire. Alors là, chapeau. Que nous reste-t-il ? La radinerie du paragraphe d’avant, et les Américains toujours en retard et en avance sur tous et tout lui ont déjà donné un nom plus glamour que la tristounette décroissance : vive les Recessionista qui suivent les désormais démodés Fashionista. Consommer moins pour consommer mieux. Consommer moins pour vivre mieux ensemble. Et si c’était cela la leçon à tirer des abus de l’ancien Président du Conseil des Directeurs du Nasdaq, Bernard Madoff ? Changer, évoluer pour vivre mieux Des Fashionista aux Recessionista Et bien non ! On a continué à célébrer la croissance tout en continuant d’oublier ce que les Peut-être mais on n’est pas encore prêt. On nous a tellement répété que la croissance c’était la panacée, le nouveau Graal. Alors, l’abandonner ? Mais est-ce que ça ne va pas faire du chômage de masse ? Mais qu’est-ce qui va se passer ? Le Recessionista, le Radin, comment va-t-il se comporter ? Est-ce que ce n’est pas anti citoyen de ne pas acheter de voiture, même si elle pollue notre petite planète ? Est-ce que ce n’est pas anti citoyen de payer bien ses salariés car on va être obligés de délocaliser ? Bon, ben moi j’ai fini de réfléchir pour la nuit. Un rêve bizarre. Allez hop, au boulot. Mais réfléchissons ensemble, c’est le moment. Et si les Radins prenaient le pouvoir par surprise en expliquant au monde qu’on l’a trompé et qu’on peut vivre bien en consommant plus modérément dans les pays développés ? l 22 ESCP-EAP MAGAZINE N° 123 - Mars 2009

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