ESCP-EAP Mag - n°123 - Mars 2009 - 20

Zoom Cash is king Par Olivier MURGUET [90] F in janvier, à l’occasion des États Généraux de l’automobile, le gouvernement français a dépanné les constructeurs Renault et PSA Peugeot Citroën, avec une aide de 6 milliards d’euros pour couvrir en priorité leurs besoins de trésorerie à court terme. Olivier Murguet se fait ici l’écho de la crise et de ses enjeux ; la crise la plus brutale de l’histoire de l’automobile, mais aussi peut-être la plus prometteuse… Cash is king, cette formule célèbre et jamais démentie devient actuellement le leitmotiv pour que l’entreprise survive à la crise sans précédent que nous vivons. À ce titre, le mois de novembre 2008 restera marqué par le déclin généralisé des marchés et la mise en place de mesures de chômage technique chez tous les constructeurs. En Europe : de -13 à - 49 % (Allemagne et Espagne respectivement) En Asie : Japon à - 27 % et Chine négative En Amérique : Brésil : à - 25,7 %, Mexique à - 20 % Aux États-Unis : - 36,7 % Dans ce contexte, préserver les liquidités est un impératif absolu. D.R. D.R. la survie d’un certain nombre de constructeurs, de fournisseurs et de distributeurs de l’automobile qui est en jeu dans les mois à venir. Carlos Ghosn « C’est bien Jouer l’après-crise Une industrie qui tourne au ralenti » Sans aller jusqu’à confier le management à une génération « Picsou », la crise est une opportunité pour remettre en question les pratiques quotidiennes, consommatrices de cash comme la gestion des créances et des stocks, ou les frais de fonctionnement. Dans ces moments difficiles, on s’aperçoit que les sources de progrès sont très importantes, que les collaborateurs comprennent l’importance du cash et se mobilisent rapidement. Ensuite, il appartient à chaque manager d’y accorder l’importance nécessaire afin que la dynamique se mette en route. Chez Renault, nous considérons que la gestion du cash est une priorité absolue et que la réactivité est un critère de management fondamental pour sortir indemne et faire partie des constructeurs automobiles qui joueront l’après-crise. Ce qui est beaucoup plus difficile dans la gestion du cash en temps de crise, c’est de garder le cap sur les investissements stratégiques, qui seront le moteur de la croissance après la crise. En contrepartie, cela implique de reporter ou d’annuler certains projets, pour qu’au final, l’enveloppe d’investissements n’entraîne pas d’endettement supplémentaire. Par exemple, chez Renault, nous considérons que le développement du véhicule électrique ainsi que certaines zones d’expansion géographiques doivent être préservés coûte que coûte. Enfin, la gestion du cash est d’autant plus importante dans l’industrie automobile du fait de la brutalité des retournements de marché dans les économies matures. Des chiffres pouvant aller jusqu’à - 50 % sur certains marchés européens, du jamais vu aupararavant ! Il faut être très réactif et préserver les parts de marché pour pouvoir jouer l’après-crise. Et 20 ESCP-EAP MAGAZINE N° 123 - Mars 2009

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