ESCP-EAP Mag - n°119 - Juillet 2008 - 26

Itinéraires Construire dans la durée Par Catherine PAMPHILE [MSY 99] et Georges NURDIN [EAP 76] U n papier écrit à quatre mains qui invite toute entreprise à se projeter sur le long terme pour une performance globale appelée éco-efficience. Pour ce faire, Catherine et Georges ont créé SpinEthic Performance. Ils nous éclairent sur leur démarche de sustainability management en partant des composants culturels et immatériels de l’entreprise concernée. Que veut dire SpinEthic ? sur le capital unique, collectif et immatériel, rarement pris en compte C. Pamphile « Nous travaillons ». CP : Nous nous sommes inspirés du terme Spin, employé en physique pour décrire le mouvement unique des particules, et mettre en exergue leur dynamique intègre et pérenne. Cette entreprise a pour objet de valoriser, dans une organisation, les forces permanentes et les matériaux culturels et organiques qui la composent. Nous observons en effet que trop d’organisations font appel à des solutions et moyens externes de changement pour s’adapter comme les cessions, les fusions, les délocalisations, les licenciements, etc., qui sont toujours traumatisants et pas toujours efficaces puisque 75 % des « fusacs » sont des échecs. Nous travaillons donc, à l’inverse, sur le capital unique, collectif et immatériel que sont les facteurs internes, rarement pris en compte, et de toute façon toujours sous-estimés. Et cela, à travers toutes les fonctions de l’entreprise de manière holistique. GN : SpinEthic se situe à l’intersection de trois lignes de force majeures : le développement durable au sens de sustainable development ; la performance durable au sens de enduring performance ou la performance se comprend ici dans son acception globale, c’est-à-dire économique, sociale, et écologique ; et troisièmement la diversité culturelle (au sens de cross cultural management). Cette approche intégrée n’est pas fréquente. Catherine Pamphile Mastère spécialisé Stratégie Organisation de ESCP-EAP, DEA de Droit Public. Co-déléguée du groupe professionnel Développement Durable et du groupe Gouvernance, elle intervient depuis plus de quinze ans dans le conseil en conduite du changement et en formation. Directrice Associée de SpinEthic Performance. Comment avez-vous construit vos convictions ? GN : En 30 ans de carrière en tant que dirigeant ou administrateur auprès de grandes multinationales, j’ai piloté à peu près toutes les phases qu’une entreprise peut connaître dans ses différents cycles de transformation. J’en dégage un invariant : les facteurs softs sont pérennes, les facteurs hards se périment. CP : Sous l’effet de la financiarisation de l’économie, les décisions favorisent les résultats quantitatifs à court terme, dans le déni de l’écosystème d’une entreprise, de ses liens avec ses parties prenantes ; le plus important d’entre eux, en termes de durabilité, étant son capital customer loyalty, mais non moins essentiel, les hommes et la capitalisation du savoir interne qui sont trop souvent sacrifiés, et c’est très dommageable. Le management quantitatif est très pauvre de sens, il encourage la chasse aux sorcières, la désolidarisation voire la désynchronisation au sein d’une organisation. Je suis régulièrement témoin de ces dégâts dans les projets étudiés. J’ai été structurée par le secteur industriel dans lequel j’ai travaillé à la fin des années 80 et au début des années 90, dans l’industrie des lanceurs commerciaux : une multitude de partenaires européens de langues et de ESCP-EAP MAGAZINE N° 119 - Juillet 2008

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