ESCP-EAP Mag - n°118 - Mai 2008 - 39

Association L’auditoire, conquis par l’engagement et la simplicité de Franck Riboud. La sphère Danone Faits et chiffres Danone, c’est aujourd’hui : - 76 000 collaborateurs présents dans 50 pays - un chiffre d’affaires de 14,5 milliards d’€ - une marge opérationnelle de 14,6 % - le numéro 1 des produits laitiers frais - le numéro 2 de l’eau en bouteille - le numéro 2 de l’alimentation infantile. Le projet du Bangladesh est à l’origine de la création en 2007 de danone.communities, fonds d’investissement ayant pour objet de financer l’invention de modèles d’entreprise au service des populations les plus déshéritées. Arrêter de faire de beaux plans Pivots du dispositif, les « Grameen ladies » achètent une vache. Vendent leur lait à l’usine. Se déplacent en tricycle dans les villages, expliquent aux mères l’intérêt du yaourt. En achètent 5, puis 10, les revendent… Coût de distribution : zéro. À terme, les Grameen ladies devraient devenir actionnaires des usines. Car la 1ère est un prototype. La 2ème est en cours de construction. Le projet d’ensemble prévoit d’en bâtir une cinquantaine pour couvrir le territoire du Bangladesh. « Ce type de modèle nous fait avancer. Cela change nos réflexes et nous oblige à tout faire pour atteindre l’objectif que nous nous sommes fixé », souligne Franck Riboud. Comprendre, apprendre. Progresser. Inventer de nouveaux modèles. Arrêter de tout verrouiller et de faire de beaux plans. C’est cela, le « modèle de management » Franck Riboud… Les bénéfices sont multiples : la force du concept sur le plan du management, l’intérêt récent manifesté par des chercheurs pour la multinationale agroalimentaire, l’évolution du positionnement et de l’image de Danone « Ça fait beaucoup moins de bruit qu’une campagne mais c’est bien plus profond », se réjouit Franck Riboud. Même si le résultat financier est absolument imprévisible. Raison pour laquelle un dispositif original a été mis sur pied. Croire en ses rêves Car Franck Riboud est un vrai patron, conscient de sa mission : « Je travaille pour mes actionnaires. La charité, ça n’a rien à voir avec du développement durable. Ça peut s’arrêter demain si je meurs ou si je suis renvoyé. Ce qui est vraiment durable, c’est un développement reposant sur un modèle économique qui marche ». Avant de conclure : « Il suffit d’avoir le courage de proposer des choses originales. De croire en ses rêves et d’être un peu naïf ». Le PDG de Danone est un homme heureux. l Des modèles inconnus Le Bangladesh n’est qu’un début, un test. Qui permet de développer des modèles inconnus en termes de process industriel, de technologie et de sécurité alimentaire… Ceux-ci pourront être déployés à d’autres fins, dans d’autres pays et d’autres secteurs. Danone a commencé en Afrique du Sud. Si le modèle fonctionne, l’entreprise investira ainsi de nouveaux continents. « Le plus important, c’est l’impact sur les communautés, souligne Franck Riboud, la manière dont on fait reculer la pauvreté ». Ainsi incarne t-il la « culture Danone » en poursuivant l’œuvre de son père, Antoine, pour qui il ne pouvait y avoir « de résultat économique sans progrès social ». Riboud, père et fils D’Antoine à Franck Riboud, le style a pu changer. La conviction demeure la même : intégrer l’économique et le social. Antoine a créé BSN en 1966, devenu Danone en 1994. Franck en est le PDG depuis 1996. Antoine a exprimé sa vision en 1972, à l’occasion des assises nationales du CNPF (ancêtre du Medef) à Marseille. Ses paroles d’alors, après le constat des inégalités et des nuisances engendrées par la croissance des « trente glorieuses », résonnent encore avec une incroyable actualité : « La croissance ne devra plus être une fin en soi mais un outil qui, sans CP: Christophe Audebert jamais nuire à la qualité de la vie, devra au contraire la servir… Les ressources de la planète sont limitées, les ressources de l’homme sont inépuisables s’il est motivé ». Franck n’a jamais hésité à fermer une usine lorsque c’était nécessaire – « le mieux possible ». En sportif accompli, il soutient : « Il n’y a pas de limites. Il n’y a que des obstacles à franchir ». Il est depuis 2006 administrateur de Gain, fondation soutenue par la fondation Bill Gates, dont l’objectif est de permettre l’accès de tous à une alimentation saine et équilibrée. 39 ESCP-EAP MAGAZINE N° 118 - Mai 2008
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