ESCP-EAP Mag - n°118 - Mai 2008 - 36

Entretiens Conseil Perspectives de développement démultipliées Benjamin MADJAR [MSF 00] Manager en Restructuration d’entreprises chez Deloitte Finance, cet Ancien de ESCP-EAP dresse un portrait des métiers de la restructuration au travers de son parcours. Car, aujourd’hui, selon lui, il y a des répercussions financières mesurées et précises dans toutes nos actions. Il semble que cette activité autour de la restructuration d’entreprises et plus particulièrement du BFR soit relativement méconnue. Comment avez-vous construit votre expertise ? J’intègre le cabinet de conseil américain Stern Stewart en tant que stagiaire et obtiens finalement un poste de consultant. Je développe, ainsi, une expertise pointue autour de la création de valeur et de l’EVA, un indicateur de création de valeur qui permet de mesurer la performance et d’orienter les stratégies de management des entreprises. Cette expérience, effectuée à Londres, me permet de développer des compétences ayant trait à la méthodologie financière mais aussi à la modélisation et à la conduite du changement. Dans ce contexte de première expérience, j’acquiers, également, une aisance rédactionnelle fondamentale pour l’élaboration des rapports ainsi qu’une vraie capacité à maîtriser les présentations orales dans différentes langues. Au sein de ces fonctions, la culture du résultat n’est pas un mythe et induit un apprentissage chevillé au souci du détail. Vous rejoignez, ensuite, le cabinet anglais REL spécialisé en optimisation du BFR sur des projets pan-européens pour le compte de grands groupes côtés au CAC40. Au regard de votre expérience, avez-vous eu le sentiment de progresser rapidement ? Mes connaissances en optimisation de la performance me permettent, malgré mon statut encore junior, d’accéder à des projets avec le top management. Les missions portent, avec le général, sur un des trois champs du BFR que sont les créances clients, les stocks et les fournisseurs. Dans ce type de métier, tout l’intérêt réside dans le savant mélange qu’il y a entre le corporate finance et le conseil. La technicité est, certes, essentielle mais la vraie valeur ajoutée se situe dans la partie conseil qui nécessite l’adaptation fine et subtile de notre discours en vue de garantir à nos interlocuteurs notre pleine et entière capacité à conduire le changement. Pourquoi avez-vous choisi de rejoindre le cabinet Deloitte ? Concours de circonstances, le département BFR de Deloitte UK me contacte afin que j’intègre leur équipe. À l’époque, je souhaite rester en France. Le cabinet me propose, alors, de développer l’offre-produit BFR en tant que manager en restructuration. Cette mission implique de monter une équipe mais aussi de rendre l’offre attractive sur le marché. Il faut, alors, identifier les meilleurs réseaux –internes et externes– afin de diffuser cette offre. En tant que manager, mon rôle est de me positionner au plus juste entre la vente et l’opérationnel tout en gardant à l’esprit que chez Deloitte, il n’y a pas de place pour l’à peu près. Dans quelle mesure votre secteur d’activité est-il très lié à l’évolution de l’économie actuelle ? Le BFR est un des leviers économiques les plus importants : quelque soit l’action engagée, il y a toujours une problématique de cash. Notre position consiste à nous situer en aval du fait économique et conjoncturel. Nous apportons, ainsi, une vraie valeur ajoutée à un moment donné de la vie entrepreneuriale : cycle de croissance ou ralentissement de l’activité. En 2002, vous avez fondé le Groupe Finance de ESCP-EAP pourquoi une telle , initiative ? Peut-être mon envie de partager nos expériences et faciliter les échanges entre Anciens. Au départ, ce groupe était constitué d’une vingtaine d’Anciens ; le groupe a maintenant près de 600 inscrits. Nous organisons des conférences autour de thématiques financières tous les deux-trois mois afin de partager nos compétences et de tisser un réseau relationnel. En quelques mots, si vous deviez vanter les mérites de votre métier… L’apprentissage et les outils, la variété des missions et surtout un secteur d’activités qui colle aux grands bouleversements de l’économie mondiale. La restructuration et le BFR sont très à cheval entre la finance et le conseil (gestion de projet, optimisation de l’organisation et des processus, conduite du changement). Et, aujourd’hui, dans toutes nos actions, il y a des répercussions financières mesurées et précises. Les perspectives de développement de compétences s’en trouvent par conséquent démultipliées. l Propos recueillis par Émilie Vidaud DR ESCP-EAP MAGAZINE N° 118 - Mai 2008

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