ESCP-EAP Mag - n°118 - Mai 2008 - 33

Énergie Pétrole : Mythe ou Réalité ? Denis CHATELAN [93] Avide d’aventures, cet Ancien, marié et père de trois enfants, revient sur son parcours qui l’a mené à découvrir l’Afrique. Aujourd’hui, Directeur Général de la filiale du Groupe Perenco au Congo, à 39 ans, il nous confie les risques qu’il a su prendre pour réussir sa carrière. Le 7 juillet 1993 vous recevez votre diplôme et le 9 juillet vous vous envolez pour le Viêtnam où vous restez un an pour effectuer différentes missions notamment pour la CCIP… À mon retour, j’intègre le Département Conseil du Cabinet Deloitte & Touche à Paris où les missions que j’effectue visent entre autres à la mise en place de systèmes de contrôle des opérations réalisées par les traders dans les salles de marché. C’est toujours d’actualité ! Après trois ans je quitte la France direction le Cameroun pour un poste de contrôleur de gestion au sein du Groupe Rougier dont le cœur de métier est l’exploitation forestière et la transformation des essences tropicales. Je survole alors la jungle pour me rendre de sites de production en chantiers forestiers. Cette expérience très opérationnelle m’offre ma première découverte de l’Afrique. Comment passe-t-on du Conseil à un statut d’expatrié au cœur de l’Afrique Centrale ? Une rencontre. Un vrai « Capitaine d’Industrie » pour qui j’avais réalisé une mission de conseil au Viêtnam m’a recommandé aux dirigeants du Groupe Rougier. Je ne m’épanouissais pas dans les métiers du conseil, trop « passifs » à mon goût. Ce que je voulais c’était agir, décider. Je rêvais aussi de grands espaces et d’aventures. Trois ans après avoir intégré le Groupe, j’occupe le poste de Directeur Financier des filiales camerounaise et congolaise. Après cinq années de forêt tropicale, je rentre à Paris pour prendre la Direction Financière de la business unit Afrique du Groupe pendant deux ans. Mais vous avez à nouveau envie de changer d’horizons professionnels. Et pour l’anecdote, vous vous rendez à un dîner-débat organisé par ESCP-EAP… Le thème du débat animé par Christophe de MARGERIE (74), aujourd’hui Directeur Général du Groupe Total et à l’époque en charge de toute l’activité Exploration & Production du Groupe, était « Pétrole, Mythe ou Réalité ». Je me souviens avoir été stupéfait par la dimension mondiale de cette industrie et les métiers que cette filière proposait - pas uniquement pour des ingénieurs. C’était en janvier 2004, le baril de pétrole s’échangeait à 33 $ Quelques semaines plus tard, je tombe dans les Échos sur une annonce du Groupe Perenco qui cherchait son nouveau Directeur Financier Afrique basé à Paris. C’était pour moi une nouvelle porte qui s’ouvrait. Pendant trois ans, vous découvrez les activités liées au secteur pétrolier en occupant ce poste entre Paris et Londres. Ces fameux horizons se sont-ils confirmés ? Tout à fait. Ma fonction s’est rapidement étendue à la gestion des contrats pétroliers et des dossiers commerciaux, me permettant de prendre la mesure de cette filière. Perenco me donne alors une chance supplémentaire en me nommant Directeur Général de sa filiale au Congo-Brazzaville en mai 2007, où je suis actuellement en poste. Mon rôle consiste à représenter l’actionnaire, assurer le développement de la production et préserver la sécurité des hommes et des installations – car nous évoluons dans des environnements à risques. Grâce à notre équipe de 400 collaborateurs dont 30 expatriés, nous produisons chaque jour 20 000 barils de pétrole au Congo pour un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 400 millions de dollars. Perenco est une des premières compagnies indépendantes dans l’Exploration Production. En quelques années, ce Groupe a connu un succès fulgurant -aujourd’hui présent dans une quinzaine de pays- de la Colombie à l’Egypte en passant par l’Angleterre… et le Congo. Vous avez su prendre des risques. Est-ce encore possible, aujourd’hui, pour un jeune diplômé sortant de l’École ? Bien sûr. J’ai pris des risques mais ils étaient maîtrisés. J’ajoute que ce type de parcours ne peut se réaliser que si l’on possède un noyau familial solide et extrêmement soudé. Au plan professionnel, si j’étais resté en France, il est certain que je n’assumerais pas les responsabilités qui sont les miennes aujourd’hui. Ce constat m’amène à croire que l’accession rapide à des responsabilités opérationnelles à l’international est toujours un formidable accélérateur de carrière. Reste qu’au fond de moi, il fallait que je parte à l’aventure… l Propos recueillis par Emilie Vidaud DR ESCP-EAP MAGAZINE N° 118 - Mai 2008

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