ESCP-EAP Mag - n°118 - Mai 2008 - 16

Focus CP: Jérôme Arowas – ESCP-EAP Autre époque, nouveaux concepts Jean-Yves EGLEM [67] Professeur ESCP-EAP Campus de Paris ’enseignement de la comptabilité a énormément évolué au cours de ces quarante dernières années. Au début des années soixante (au siècle dernier !) le cours de comptabilité « générale » de première année occupait les étudiants sur deux semestres à raison de sept heures par semaine. Aujourd’hui, il n’y a plus qu’un cours semestriel à raison de trois heures par semaine, enrichi d’une ouverture sur les normes internationales et les comptes consolidés. Les méthodes ont bien changé. Autrefois le premier cours décrivait le compte « Caisse » et on apprenait par la méthode dite de la « pratique raisonnée ». Aujourd’hui, le premier cours est consacré au bilan, expression de la situation financière de l’entreprise. On n’utilise plus guère les notions de débit et crédit. On a utilisé pendant longtemps les expressions d’emplois et ressources, le passif constituant les ressources finançant les emplois de l’actif. Aujourd’hui, référence anglo-saxonne oblige, l’actif est constitué de « resources » et le passif de « sources », ce qui est d’ailleurs cohérent avec l’enseignement du contrôle de L gestion qui définit les charges comme des consommations de ressources. La dernière grande révolution est arrivée avec les normes IAS (international accounting standards) requalifiées IFRS (international financial reporting standards) et la remise en question du coût historique. La référence comptable « accounting » se trouve remplacée par une référence financière, ce qui n’est pas un simple changement de mot : cela est imputable à la financiarisation de la comptabilité, qui autrefois mémoire des opérations dans le respect du principe de prudence, est maintenant sommée d’exprimer une valeur. Valeur de marché, juste valeur sont les maîtres mots que l’on trouve dans les normes, ce qui ne facilite pas nécessairement une meilleure compréhension de la formation du résultat de l’entreprise. Il reste à prouver que l’application de ces normes facilite le diagnostic des analystes financiers et amène un plus grand nombre de lecteurs des comptes à comprendre vraiment ce qu’ils lisent. La crise des marchés financiers va certainement être l’épreuve de vérité pour la pertinence de l’utilisation de ces concepts. Reconnaissons toutefois que cette véritable révolution a remis à l’honneur l’enseignement de la comptabilité financière, redevenue incontournable pour ceux qui veulent comprendre, ce qui pour d’autres restera définitivement un maquis inaccessible ! l Deux populations, deux enseignements Christophe THIBIERGE [89] CP: Jérôme Arowas – ESCP-EAP Professeur Associé ESCP-EAP Campus de Paris n finance, je constate qu’il y a un recours de plus en plus important aux bases de données, ce qui est bien, mais qui peut devenir une excuse à la paresse. Appréhender un échantillon de 300 entreprises nécessite d’affûter son esprit critique : le nombre ne fait pas la qualité, et une moyenne statistique ne sera que moyenne, si l’on ne considère pas les cas particuliers, les valeurs extrêmes. La notion d’entreprise « comparable », par exemple, peut devenir très dangereuse, voire irrémédiablement fausse. Je pousse donc mes étudiants à appréhender l’ombre derrière le nombre. 16 ESCP-EAP MAGAZINE N° 118 - Mai 2008 Par ailleurs, dans mon enseignement, je distingue deux populations : la Grande École ; les cadres (formation permanente, MBA Exe.). Pour la Grande École, mon enseignement a évolué vers le traitement de nombreux cas réels, et la mise en ligne de ressources financières, par le truchement de pages internet dédiées, de ressources Intranet et de liens. Pour les cadres, j’opte de plus en plus vers une approche non-linéaire : le but est de délivrer des concepts quand le besoin s’en fait sentir, et non pas d’imposer une linéarité magistrale. Cela demande une grande préparation en amont, et l’utilisation d’outils informatiques dédiés (tablette graphique, liens contextuels). l

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