ESCP-EAP Mag - n°117 - Mars 2008 - 8

RÉSEAU PERSONNALITÉ DU MOIS ITINÉRAIRES FOCUS ZOOM ENTREPREN Michel Barnier (ministre MAP) visite un bateau de pêche (l'anchoyeur «La Roche Bonne») au port de la Turballe. ©Xavier Remongin/Min.Agri.Fr comprendre cet environnement, apprendre à relativiser et faire preuve d’humilité et de curiosité. ESCP-EAP est aujourd’hui une excellente école, très ouverte à l’international. Elle a pris un tournant décisif et très positif lors de sa fusion avec EAP. Il faut également devenir européen ! C’est un autre impératif, car avec les puissances émergentes actuelles (les BRIC), si nous ne sommes pas réellement européens, nous serons définitivement sous traitants de l’économie chinoise ou américaine, de la recherche indienne, et sous influence de la politique américaine, chinoise ou russe. Pour moi le patriotisme économique n’a de valeur que s’il s’agit d’un patriotisme économique européen. Depuis 2007, vous êtes Ministre de l’Agriculture et de la Pêche. Quel bilan de santé établir sur la mise en place de la PAC depuis 2003 ? Dans un monde qui bouge, la PAC doit évoluer. Je veux que nous sortions d’une logique de guichets pour aller vers une logique de projets. Aujourd’hui la forte demande permet de soutenir les prix. Mais il ne s’agit pas de tout mettre par terre. Nous devons conserver le principe des aides en l’adaptant. Certaines productions se rémunèrent plus facilement par les prix, c’est le cas des grandes cultures. Celles-ci ont moins besoin d’aides. Ces subventions peuvent être redéployées en faveur de filières plus fragilisées comme l’élevage, la filière ovine ou en répondant à une demande sociale comme l’agriculture biologique. Quels principes et quelles perspectives devraient fonder l’après 2013 ? Quels sont vos points de désaccord avec la copie de Bruxelles ? Je veux utiliser le débat actuel sur le bilan de santé de la PAC pour préparer l’après 2013. Nous avons besoin d’un nouveau projet agricole européen. Pour une fois, le débat politique précédera le débat budgétaire. La PAC doit nous permettre de produire plus et mieux, de développer les spécificités du modèle agricole européen : une agriculture de production à visage humain avec des produits de qualité, du goût et des couleurs. Les agriculteurs européens doivent être protégés de la spéculation sur les matières premières. Je souhaite intégrer dans la PAC des outils de stabilisation des marchés afin de ne pas laisser notre alimentation à la merci de la spéculation. Nous devons également trouver les moyens de localiser la production dans les territoires. La présidence française sera un moment clé pour faire partager en Europe cette nouvelle vision. comment les aider. J’apprécie et j’encourage cette capacité à passer du public au privé et du privé au public comme dans les pays anglo-saxons. Les apports réciproques sont nombreux et il serait dommage de s’en priver. De quelle façon la France pourra t-elle profiter de sa présidence européenne à partir du 1er juillet 2008 pour refermer en beauté cette période historique et démontrer qu’elle est bien de retour ? Après avoir mis l’Europe en panne par le non des Français au référendum, il fallait extraire de ce texte la partie la plus utile, à savoir sa boite à outils : Comment travaille t-on ? Comment se parle t-on ? Comment décide t-on quand on est 27 autour de la table ? Ces données sont fondamentales car il ne peut pas y avoir de politique forte si les institutions sont faibles en Europe. Et c’est la raison d’être du traité de Lisbonne qui vient d’être ratifié par les 27 pays membres. Maintenant, il faut réfléchir à l’utilisation judicieuse de ces outils pour rénover, entre autres, la politique agricole et la politique régionale, les deux grandes politiques budgétaires actuelles. La France mesure la lourde responsabilité qui lui incombe. En quoi l’international apporte t-il une vraie valeur ajoutée à un cursus ? L’avenir n’appartient pas aux pays qui se recroquevillent et qui se ferment. Même si c’est difficile, et parce que c’est difficile, il est impératif de faire bouger la France, de l’adapter, de la réformer et de regarder le monde tel qu’il est, non pas tel qu’on voudrait qu’il soit ou tel qu’il était il y a 25 ans mais tel qu’il est aujourd’hui. Le monde est ouvert, dangereux, instable, fragile mais enthousiasmant et la France a sa carte à jouer, et l’Europe aussi. J’incite fortement le jeune qui veut trouver sa place dans ce monde à aller travailler à l’étranger car pour réussir en entreprise, il faut Êtes-vous d’accord pour dire que le grand défi de la planète au 21ème siècle sera alimentaire ? Le monde devra doubler sa production alimentaire pour nourrir 9 milliards de personnes d’ici 2050. C’est dire l’ampleur du défi alimentaire. Nous avions pris l’habitude de croire que les matières premières agricoles, au moins dans nos pays développés, étaient largement disponibles et bon marché. Seulement, les prix agricoles, à la surprise générale, se sont emballés après ESCP-EAP mag n°117…mars 2008

Table des matières de la publication ESCP-EAP Mag - n°117 - Mars 2008

Couverture
Edito
Sommaire
PERSONNALITÉ DU MOIS
ITINÉRAIRES
FOCUS
ZOOM
ENTREPRENEURS
VOYAGES
PUBLICATIONS
CAMPUS
ÉVOLUTION PROFESSIONNELLE
MANAGEMENT-ENQUÊTE
FONDATION
NOUVELLES DU RÉSEAU

ESCP-EAP Mag - n°117 - Mars 2008