LA LETTRE TERRITORIALE DE L’AGENCE DE L’EAU SEINE-NORMANDIE - SEINE AVAL - N°08 - Décembre 2016 - 4

M I L I E U X AQ U AT I Q U E S

Continuité écologique

L'EURE AVAL BIENTÔT
ROUVERTE AUX
GRANDS MIGRATEURS
Depuis le 14 septembre, la vanne centrale du barrage de la commune
de Martot (Eure) est ouverte. C'est la première étape vers l'effacement
de l'ouvrage. C'est aussi un bon moyen d'associer les usagers de la rivière
à une démarche souvent délicate. Explications.

epuis 2012, l'Eure aval est classée en liste 2
au titre de l'article L.214-17 du code de l'environnement. Ce classement impose aux
propriétaires des ouvrages barrant la rivière
de rétablir la continuité écologique, c'est-àdire la libre circulation des poissons et des
sédiments. Or le propriétaire de l'Eure aval et des barrages,
de Louviers jusqu'à la confluence avec la Seine, n'est autre
que l'État. « Nous avons profité des fonds dédiés de l'Agence
de l'eau Seine-Normandie pour procéder à une grande étude
de terrain afin de mieux comprendre les problématiques posées
par les différents ouvrages », explique Sylvain Thuleau, chef
de service eau, biodiversité, forêts de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) de l'Eure.
Et parmi les ouvrages identifiés : le barrage de Martot,
dernier verrou de la continuité écologique à l'aval. « Les
travaux de suppression d'ouvrages posent souvent de nombreux problèmes en termes d'acceptabilité sociale, et ce pour
diverses raisons pratiques, historiques ou sentimentales, précise Bernard Leroy, président de la Communauté d'agglomération Seine-Eure (CASE). La CASE a déjà beaucoup
travaillé avec les usagers de la rivière sur la partie amont de
l'Eure. C'est pourquoi nous étions partie prenante de cette
démarche sur la partie aval, menée par l'État et l'AESN. »

En pratique

Les grands migrateurs
concernés

epuis Martot jusqu'à la source de l'Eure,
les obstacles à la continuité écologique
se lèvent progressivement pour permettre
aux poissons migrateurs de remonter la Seine,
puis l'Eure depuis la mer ; en passant par
Louviers, Ménilles, Dreux, Chartres, Fontenaysur-Eure, Barjouville... À Martot, les migrateurs
(anguille, lamproie marine, lamproie fluviatile,
saumon atlantique, truite de mer, alose) se
heurtent au barrage, de même que
des cyprinidés rhéophiles comme la vandoise
et le barbeau. C'est pourquoi son effacement
est nécessaire à l'accomplissement de leur
cycle biologique.
En savoir plus :
http://www.eurerivierevivante.fr/

Une démarche d'acceptabilité bien engagée
En effet, la suppression d'ouvrages et les changements
qui en découlent sont souvent accueillis avec réticence.
« Parfois, l'ouvrage en question a une valeur affective ou patrimoniale, explique Gwendal Bodilis, chargé d'opération
rivière à l'Agence de l'eau Seine-Aval. Avec la baisse du niveau de la rivière, les usagers sont souvent inquiets de ne pas
s'y retrouver. » C'est le cas à Martot. Les maraîchers, surtout, craignaient que la suppression du barrage nuise à
l'irrigation de leurs cultures. Afin d'inclure tous les
groupes d'usagers dans le projet de restauration de la
continuité écologique (maraîchers, pêcheurs, kayakistes,

4 - AGENCE DE L'EAU SEINE-NORMANDIE : SEINE-AVAL

DÉCEMBRE 2016

habitants), une animation « sociologique » a été engagée.
Des groupes de travail ont ainsi été créés par type d'usage
afin de recenser les inquiétudes de chacun et de prendre
le temps d'y répondre. C'est pour expérimenter les conséquences de la baisse du niveau d'eau sur les puits de forage
des maraîchers que le vannage central a par exemple été
ouvert. « Bien sûr, tout n'est pas réglé, confie Benoît Féron,
cogérant de CAD'EN, l'assistant à maîtrise d'ouvrage du
projet. Mais c'est en écoutant et en favorisant la concertation
que l'on peut proposer des mesures compensatoires adaptées
et ainsi emporter l'adhésion des riverains. »

http://www.eurerivierevivante.fr/

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