LA LETTRE TERRITORIALE DE L’AGENCE DE L’EAU SEINE-NORMANDIE - SEINE AVAL - N°07 - Juin 2016 - 4

M I L I E U X AQ U AT I Q U E S

La Bresle,

RIVIÈRE INDEX
Cours d'eau exceptionnel pour l'étude des grands migrateurs, la Bresle
accueille de nombreux saumons atlantiques, truites de mer et anguilles
européennes en quête d'une zone de reproduction ou de croissance.
Le suivi de ces espèces particulières est un appui précieux aux politiques
de gestion des milieux aquatiques.
La Bresle.

a Bresle, qui traverse les départements de
l'Oise, de la Somme et de la Seine-Maritime,
est classée en première catégorie piscicole sur
ses 70 km de linéaire. Et pour cause : malgré
une large diminution de sa richesse piscicole
depuis l'essor des activités industrielles, le
fleuve conserve la particularité d'abriter, encore à ce
jour, de nombreux grands poissons migrateurs.

Un suivi scientifique rigoureux
Deux observatoires, gérés par l'Office national de l'eau et
des milieux aquatiques (ONEMA), permettent de suivre
les stocks de poissons migrateurs de la Bresle. En partenariat avec l'Établissement public territorial du bassin de
la Bresle (EPTB Bresle), les scientifiques présents à Eu
piègent les salmonidés adultes et les anguilles juvéniles
à la montée. Et à Beauchamps, les salmonidés juvéniles
et les anguilles adultes dévalantes. Une fois compilées,
ces données permettent de dessiner les évolutions d'effectifs, la dynamique des populations, mais aussi de comprendre l'impact des modifications de l'environnement
sur ces espèces particulières. « Avec plus de 32 années
consécutives de données sur les salmonidés, et 22 sur les anguilles, la Bresle dispose d'une série chronologique extrêmement rare », précise Richard Roussel, assistant d'opérations à la direction Seine Aval de l'Agence de l'eau. Par
ailleurs, en partenariat avec l'ONEMA et l'Agence de l'eau,
l'association Seine-Normandie-Nord-Migrateurs (Seinormigr) réalise, sur la Bresle, des inventaires piscicoles
- d'anguilles depuis 2012 et de salmonidés depuis 2015.
Et ce n'est pas tout : « Afin de procéder à un suivi spécifique
et continu des anguilles, aujourd'hui étudiées uniquement à
la montée, Seinormigr se chargera bientôt de l'étude de leur
dévalaison à la station de Beauchamps », précise Daniel
Hanchard, président de Seinormigr.

La continuité écologique en ligne de mire
Outre la bonne santé des grands migrateurs, ce suivi
peut également révéler les ouvrages prioritaires pour la

4 - AGENCE DE L'EAU SEINE-NORMANDIE : SEINE-AVAL

JUIN 2016

L'anguille européenne,
bientôt disparue ?

près avoir subi un
brusque effondrement de
ses effectifs dans les
années 1980, l'anguille
européenne est aujourd'hui en
danger critique d'extinction.
Cette situation s'explique en
partie par les changements
globaux à l'échelle planétaire
(climat, courants) et la
présence de parasites de
l'espèce. Mais elle résulte
également des activités
humaines : surpêche et
braconnage, rupture de la
continuité écologique,
disparition des habitats ou
encore dégradation de la

qualité de l'eau. C'est pourquoi
le règlement européen (CE)
n° 1100/2007 (dit règlement
anguille) fixe des mesures
de reconstitution du stock
d'anguilles. Ce règlement,
transposé en Plans de gestion
anguille (PGA) triennaux à
l'échelle nationale, se décline
localement par unités
hydrographiques grâce aux
rivières index.

En savoir plus :
Consulter le dernier rapport de mise en
œuvre du PGA de la France (juin 2015) :
http://www.developpement-durable.gouv.
fr/IMG/pdf/RapportPGA2015.pdf

restauration de la continuité écologique. Parallèlement,
il reflète l'efficacité des travaux déjà menés. Très impliqués dans ces démarches, l'Agence de l'eau et l'EPTB
Bresle mènent conjointement de vastes travaux d'effacement et d'aménagement d'ouvrages. « La forte pente
et le débit puissant de la Bresle ont engendré la mise en
service de beaucoup de moulins, qui ont participé à dégrader
les écosystèmes, explique Pierre-Marie Michel, chargé de
mission continuité écologique de l'EPTB Bresle. Depuis
2013, nous avons procédé à trois effacements d'ouvrage, qui
ont permis une restauration des habitats naturels sur plus
de 2,5 km de cours d'eau. Deux aménagements facilitant le
passage des poissons ont également été installés sur des
ouvrages infranchissables. » Le tout permettant un déplacement du front de colonisation de 14 km.

http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/RapportPGA2015.pdf

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