Confluence, le magazine de l’Agence de l’eau Seine-Normandie - N°66 - Jan./Fev. 2018 - 21

Usine de production d'eau potable de
Vigneux (91). sur le bassin de la Seine,
qui a mis en place un Plan de Gestion
de la Sécurité Sanitaire de l'Eau.

Les clés
pour comprendre

L'OMS publie en 2004 un
manuel de mise en œuvre des
Plan de gestion de la sécurité
sanitaire des eaux (PGSSE), une
méthodologie de prévention
des risques, à destination des
producteurs d'eau potable.
Un amendement de la directive
européenne relative à la qualité
des eaux destinées à la
consommation humaine
(98/83/CE) promeut la mise
en œuvre des PGSSE dès 2015.
Cette incitation est intégrée
au Plan national santéenvironnement 2015-2019.
La nouvelle directive eau
potable en cours de préparation
pourrait rendre obligatoire, en
2018, le déploiement des PGSSE.
L'agence de l'eau a financé
une étude pour évaluer
les bénéfices de ces PGSSE
et faciliter l'éventuelle
généralisation de leur
déploiement.

cas ont été associées à une analyse statistique poussée
sur la qualité de l'eau en production et les paramètres
d'exploitation. Nous avons pour cela bénéficié du soutien
d'une université américaine de Caroline de Nord, où
exerce maintenant Jamie Bartram, ancien coordonnateur
eau et santé de l'OMS, qui a conçu les Water Safety Plans.
En France, nous avons analysé deux sites, dont l'usine
de production d'eau potable de Corbeil, où un PGSSE a
été mis en place fin 2011, ce qui nous permet de disposer
de données avant/après. L'étude a permis de constater
l'impact positif du PGSSE. D'abord en démontrant l'amélioration de paramètres de qualité pourtant déjà
conformes aux limites réglementaires, mais surtout en
mettant en évidence une amélioration globale des taux
de conformité aux indicateurs de performance opérationnelle. Ainsi, pour prendre un exemple précis, le respect
de nos tolérances internes sur la turbidité en sortie de
filtre a été amélioré. Cela dénote une meilleure maîtrise
opérationnelle et se traduit par une plus grande sécurité
sanitaire pour le consommateur, même si cela ne transparaît pas nécessairement dans l'analyse du produit final.
Quand la qualité du processus garantit la qualité de l'eau
produite, on a une bien meilleure maîtrise que si on s'appuie uniquement sur le contrôle sanitaire a posteriori,
avec le risque que l'échantillonnage ne soit pas représentatif ou que l'analyse arrive trop tard. L'approche par les
PGSSE, permet, site par site, d'aller bien au-delà des exigences réglementaires. Cette approche oblige à tout
mettre à plat, et, y compris pour des stations de traitement anciennes, à réfléchir au bon fonctionnement des
installations et vérifier que l'on est à même de traiter

toutes les pollutions, même celles qui ne figurent pas
encore sur la liste commune de paramètres à traiter... On
est vraiment dans une logique d'anticipation.

Quel va être l'impact de la mise en place
de ces PGSSE sur le coût du traitement ?

J.-F. L. : Les résultats ont montré que la mise en place
des PGSSE, est en moyenne de 12 mois, et coûte
10,5 hommes-mois, pour un système certifié selon la
norme ISO 22000, avec 4 équivalents temps plein par
mois pendant un an pour la maintenance. Hors certification, ce coût peut être divisé par deux. Ces plans de
gestion peuvent entraîner dans certains cas aussi des
investissements dans des outils de surveillance, comme
des capteurs en ligne. Mais le coût pour l'exploitant dépendra de la forme sous laquelle ces PGSSE seront introduits dans la réglementation. Nul ne sait aujourd'hui
quel sera le niveau d'exigence.
Au-delà du coût financier, nous assistons aujourd'hui
réellement à un changement de paradigme qui fait de
la prévention la règle. La maîtrise de la qualité de l'eau
remonte vers l'amont. Il y a un an, l'OMS proposait un
« Sanitation Safety Plan », une planification de la gestion
de la sécurité sanitaire de l'assainissement (PGSSA)
obéissant à la même logique que les PGSSE. La maîtrise
de la qualité de l'eau passe désormais par une gestion
intégrée du cycle. La préservation et la protection de
l'ensemble de la ressource sont la meilleure garantie
d'une eau potable de qualité.
Guillaume Tixier

En savoir plus
* Le résumé des deux
premières phases de
l'étude est téléchargeable
sur : http://www.
eau-seine-normandie.fr/
node/2604 (phase 1) et
http://www.
eau-seine-normandie.fr/
node/2628 (phase 2)
* Le manuel de mise en
œuvre du PGSSE rédigé
par l'OMS est téléchargeable sur : http://www.
who.int/water_sanitation_
health/publications/
publication_
9789241562638/fr/
* Un article scientifique
(en anglais) détaille
l'étude coréalisée par
Jean-François Loret :
http://www.sciencedirect.
com/science/article/pii/
S1438463916304771

JANVIER - FÉVRIER 2018 -

http://www.eau-seine-normandie.fr/node/2604 http://www.eau-seine-normandie.fr/node/2628 http://www.who.int/water_sanitation_health/publications/publication_9789241562638/fr/ http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1438463916304771

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