Confluence, le magazine de l’Agence de l’eau Seine-Normandie - N°66 - Jan./Fev. 2018 - 20

INTERVIEW

JEAN-FRANÇOIS LORET :

Biologiste et chimiste, responsable du département environnement
et santé du centre de recherche de Suez, membre du conseil
d'administration de l'Agence nationale de sécurité sanitaire
de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses),
Jean-François Loret est co-auteur d'une étude, financée
par l'agence de l'eau Seine-Normandie, sur les plans de gestion
de la sécurité sanitaire des eaux (en anglais : Water Safety Plans).

« La prévention
est la règle »

Parcours

1983-1987

Que sont ces Water Safety Plans
sur lesquels portent vos travaux ?

JEAN-FRANÇOIS LORET : En français, on parle de Plans

de gestion de la sécurité sanitaire des eaux (PGSSE). Ces
PGSSE découlent directement d'une méthodologie utilisée dès les années 1960 par l'industrie agro-alimentaire
pour garantir la sécurité sanitaire. Il s'agit d'une méthode
de gestion préventive des risques qui consiste à décomposer un procédé de fabrication en étapes pour analyser,
à tout moment, les sources potentielles de contamination
et lister l'ensemble des moyens de prévention pouvant

« Quand la qualité du
processus garantit la qualité
de l'eau produite, on a une
bien meilleure maîtrise que
si l'on s'appuie uniquement
sur le contrôle sanitaire... »
Jean - François Loret,

COAUTEUR DE L'ÉTUDE SUR LES PLANS
DE GESTION DE LA SÉCURITÉ SANITAIRE DES EAUX

- JANVIER - FÉVRIER 2018

être mis en œuvre. Cela permet de hiérarchiser les dangers, en fonction de leur degré de probabilité comme de
leur impact sur la santé, pour diminuer les risques. Cette
approche a été reprise par l'Organisation mondiale de la
santé pour être appliquée à la production d'eau potable,
sous le nom de Water Safety Plans. En 2004, l'agence des
Nations unies a élaboré un manuel décrivant de façon
pratique comment mettre en œuvre ces PGSSE. Depuis
lors, l'Europe réfléchit au déploiement de cette approche.
En 2015, la Commission européenne a amendé la directive eau potable pour inciter ceux qui le souhaitent à
mettre en place ces plans de gestion. Il est très probable
qu'une nouvelle directive les rende bientôt obligatoires.
L'agence de l'eau Seine-Normandie a financé une étude
sur trois ans pour évaluer les coûts et bénéfices des PGSSE
et établir des recommandations pour un déploiement
efficace en cas d'évolution réglementaire.

En quoi consistait cette étude et quels
enseignements peut-on en tirer ?

J.-F. L. : L'étude s'est déroulée en deux phases. La première a été consacrée à une revue de la littérature et à
une enquête permettant de recueillir les retours d'expérience afin d'évaluer les coûts et les bénéfices. Nous avons
donc adressé des questionnaires aux exploitants de sites
ayant déjà, dans plusieurs pays, mis en œuvre des PGSSE,
et également conduit des entretiens téléphoniques, avec
des questions fermées et ouvertes. La seconde phase a
consisté à évaluer quantitativement ces bénéfices, en
travaillant sur des sites sélectionnés et en les comparant
avant et après la mise en place de PGSSE. Ces études de

Master de
physico-chimie
appliquée à la
biologie, puis
doctorat de chimie
analytique.

Depuis
juillet 2000

Chef de projet puis
responsable du
département
environnement et
santé du centre de
recherche de Suez.

Depuis
2010

Représente la
Fédération
professionnelle des
entreprises de l'eau
(FP2E) au sein de
l'ANSES et de
l'International Water
Association.

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