Confluence, le magazine de l’Agence de l’eau Seine-Normandie - N°66 - Jan./Fev. 2018 - 11

lourdeur, grâce à des élus très motivés et un bon accompagnement des services de l'État, notamment la direction départementale des territoires (DDT) qui a su faciliter et accélérer tous les moments de la procédure. Je
redoute que, si on touche à cette dernière sous prétexte
de la simplifier, on ne la complexifie davantage.
S.B. : Je reconnais que la procédure est lourde en effet,
mais utilement. Les points de rencontre, les difficultés,
les conflits d'usage imposent une discussion, un échange.
Quand on arrive au terme du processus, on a entraîné
tout le monde. Aller plus vite impliquerait de donner une
autorité supérieure à l'État, ce qui serait contraire à l'esprit
même du SAGE. Il est important, pour obtenir une
convergence des objectifs des uns et des autres qui pourraient autrement apparaître concurrentiels, de prendre
ce temps du dialogue. Le Port de Bonneuil-sur-Marne, la
fédération d'aviron, l'agence de l'eau, sont dans le même
bateau et doivent arriver à une solution en commun.
Notons que le temps passé dans la procédure est gagné
ensuite dans l'application du SAGE.

Du fait de la réforme, notre SAGE, dont le périmètre est
à cheval sur l'Oise et la Seine-et-Marne, compte huit intercommunalités, dont une, en tête de bassin, qui ne veut
pas le porter. On se rend bien compte qu'il manque
quelque chose à la loi Maptam pour qu'elle soit applicable
efficacement sur le terrain. Afin d'obtenir un équilibre
entre les adhérents en fonction de leurs compétences
transférées, leur surface et nombre d'habitants, nous
allons devoir mettre en place une assemblée avec plus
d'une centaine de représentants. Cela est ingérable et
incohérent avec l'objectif de simplification de mise en
œuvre opérationnelle des actions sur le terrain. Je note
enfin qu'en demandant aux intercommunalités de tout
gérer, elles risquent fort d'être débordées.
Guillaume Tixier

1. Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations.
2. Modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des
métropoles

La réforme des collectivités territoriales
(Gemapi1, Maptam2) peut-elle dynamiser ou
freiner la politique des SAGE ?

S.B. : Cette réforme va paradoxalement faire comprendre
que l'eau ne se borne pas administrativement. Les SAGE
ne sont pas sur un périmètre administratif connu mais se fondent sur l'hy- « Le SAGE apporte
drogéologie. Ainsi les structures qui
portent ces SAGE doivent dépasser ce une connaissance
cadre strict. La réforme des collectivi- dont il semble
tés pourrait être l'occasion de voir
difficile de se passer
émerger une instance qui catalyse les
différentes actions pour aider les syn- pour mener une
dicats de rivières à porter les SAGE et politique de l'eau
à travailler de manière coordonnée. Ce
pourrait par exemple être la métropole efficace. »
du Grand Paris. Une action collective Marie - Laurence Lobin
et coordonnée est indispensable dès
que l'on songe aux enjeux et notamment aux risques associés aux inondations. La réforme
devrait redynamiser les SAGE : il en faudrait partout pour
rendre la région plus résiliente, ce qui est impératif.
M.-L.L. : La réforme des collectivités territoriales est un
frein à la politique des SAGE. Pour notre SAGE, nous
avons une communauté de communes qui ne veut pas
prendre cette compétence, au motif qu'il ne s'agit pas
d'une compétence obligatoire. Sa décision est aussi liée
au coût du SAGE, pourtant modique, de l'ordre de 0,75
centime par habitant. Cette économie est vraisemblablement un mauvais calcul : le SAGE est l'instrument essentiel pour la gestion de l'eau, il apporte une connaissance
dont il semble difficile de se passer pour mener une politique de l'eau efficace. D'autant qu'en 2020 les communautés de communes devront prendre les compétences
eau et assainissement qui font partie intégrante du SAGE.

L 'élue

MARIE-LAURENCE
LOBIN
Maire honoraire de Villeneuve-surVerberie (60), présidente de
la commission locale de l'eau du schéma
d'aménagement et de gestion
des eaux de la Nonette.

JANVIER - FÉVRIER 2018 -

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