Confluence, le magazine de l’Agence de l’eau Seine-Normandie - N°65 - Septembre 2017 - 14

À L A U N E / Pour une gestion intégrée de l'eau en ville

Différentes pluies

permettre à l'eau de pluie de s'infiltrer
là où elle tombe est clairement un
enjeu majeur aux bénéfices multiples.

Des solutions multifonctionnelles
Paris reverdit. Martin-Luther-King à l'ouest,
Serge-Gainsbourg à l'est, les nouveaux parcs
parisiens font la part belle à l'eau. Dans le
premier, bassins, fossés humides, noues et
cascades collectent l'eau de pluie, la filtrent
et la réutilisent pour l'arrosage. Dans le second, l'eau pluviale recueillie sur les toitures
environnantes alimente une mare centrale
de 400 m2 bordée de roseaux. Moins visibles,
toitures et murs végétaux fleurissent dans la
capitale : l'école AgroParisTech est surplombée par un toit potager, le centre commercial
Beaugrenelle compte 7 000 m2 de toiture
verte, l'opéra Bastille s'apprête à accueillir une
ferme maraîchère. Quant aux murs végétaux,
qui atténuent l'augmentation de la température dans les bâtiments (une alternative à la
climatisation), et qui abritent une certaine
biodiversité, l'Atelier parisien d'urbanisme en
recensait en 2016 près de 30 hectares, dont
la majeure partie dans les cours, à l'abri des
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- SEPTEMBRE 2017

« Les eaux pluviales
sont une ressource à valoriser. »
Nicolas Londinsky

regards ! Encore plus discrets, de nombreux
pieds d'arbre bénéficient désormais des soins
attentifs de jardiniers amateurs encouragés
par la municipalité à végétaliser la capitale.
Loin d'être anecdotiques, ces pratiques, pour
les grands projets comme pour les petites
touches, participent à la reconstruction sur
elle-même de la ville, d'une ville plus durable,
plus agréable, plus résiliente. Et leurs bénéfices sont multiples : les surfaces végétalisées
retiennent l'eau de pluie, évitant d'engorger
les réseaux, de lessiver les sols, de polluer les
cours d'eau. Eau et verdure protègent de la
chaleur, enrichissent la biodiversité et agrémentent le cadre de vie. Des sols plus perméables contribuent à la fois à la lutte contre
les débordements de réseaux et les déversements d'eaux polluées dans les cours d'eau.
Enfin, l'intérêt économique de ces aménagements est souvent constaté : les solutions de
gestion à la source des eaux pluviales sont
plus économiques que les solutions dites traditionnelles (réseaux, bassins de stockage...),
qu'il s'agisse de l'investissement initial ou du
coût global d'entretien, quelle que soit la durée envisagée.

À chaque intensité de pluie,
un enjeu. Pour les pluies faibles à
moyennes, les objectifs principaux sont la maîtrise de la
pollution et du ruissellement.
Pour des pluies fortes à exceptionnelles, il s'agit de se protéger
des inondations locales (la ville
qui s'inonde elle-même) ou
exogènes (débordement de
rivières en amont). Sur le territoire
de la métropole du Grand Paris,
80 % du volume annuel d'eau
pluvial est dû à des pluies faibles,
d'une lame d'eau précipitée
inférieure à 8 mm. Or celles-ci
sont les plus faciles à infiltrer et
valoriser dans l'espace urbain.
Les bassins-versants qui comportent des aménagements
favorisant l'infiltration de l'eau de
pluie là où elle tombe sont
parvenus à diminuer leurs
volumes de ruissellement annuels d'environ 50 % à minima.

QUEL CADRE
RÉGLEMENTAIRE ?
La maîtrise des rejets par temps
de pluie en milieu urbain est une
des grandes orientations du Schéma
directeur d'aménagement et de gestion
des eaux 2016-2021 (SDAGE) du bassin
Seine-Normandie. Localement,
des Schémas d'aménagement
et de gestion des eaux (SAGE) peuvent
également prescrire un débit de rejets
limité. L'arrêté du 21 juillet 2015 relatif
aux systèmes d'assainissement
collectif invite à limiter au maximum
les apports d'eau pluviale dans les
systèmes de collecte. Enfin, l'article
L. 2224-10 du Code général des
collectivités territoriales leur impose
de réaliser un zonage pluvial, outil
particulièrement intéressant car
il permet de définir et mettre en œuvre
une politique de gestion intégrée des
eaux pluviales à l'échelle d'un territoire.

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