Confluence, le magazine de l’Agence de l’eau Seine-Normandie - N°64 - Avril 2017 - 33

a COP de Marrakech ne marquera pas l'histoire des négociations
climatiques. Elle aura surtout été
sur le plan diplomatique la COP
de la préparation de l'action, en
initiant la réflexion sur la mise
en œuvre de l'Accord de Paris. Les discussions
sur la manière dont seront rehaussées et évaluées les contributions des États n'ont par
exemple pas permis l'obtention d'un consensus. Un certain nombre de débats ont d'ailleurs été repoussés à la COP23, prévue à Bonn
en novembre 2017. Lentes et complexes, les
négociations interétatiques n'ont pas bénéficié de l'élan qui avait porté, un an auparavant,
la COP21. Ni même de celui provoqué par
l'entrée en vigueur si rapide de l'Accord de
Paris, le 4 novembre. Pourtant, de l'action, il
y en a eu. Dans la zone verte de la COP, dédiée
à la société civile, collectivités, bassins, entreprises ou encore ONG avaient organisé quantité d'événements pour faire connaître les
nombreuses solutions qu'ils mettent d'ores
et déjà en œuvre. Les Marocains, vivement
touchés par l'influence du changement climatique, avaient à cœur de démontrer l'ardeur
de la société civile pour répondre à cette urgence. L'annonce de l'élection du nouveau
Président américain dès le premier jour de
cette COP22 a renforcé cette société civile
dans sa volonté d'agir au plus vite et au plus
fort.

L'eau, grande gagnante
de la COP22
Si un secteur a su tirer son épingle
du jeu, c'est bien celui de l'eau.
« Pour la première fois dans une
COP, l'eau a réellement été visible.
Une demi-journée y a été consacrée
en zone verte, et une journée complète en zone bleue, ce qui a permis
de montrer que si l'eau est la première victime du changement climatique, elle est aussi porteuse de
nombreuses solutions d'adaptation », témoigne Jean Launay,
président du Partenariat français
pour l'eau (PFE). À cette occasion,
plusieurs initiatives ont vu le
jour, dont la mise en place d'un
réseau international de parlementaires pour l'eau et d'une
plateforme des grands deltas du
monde. Les Quatre Alliances des
Bassins, des Mégapoles, du Dessalement et des Entreprises,
créées lors de la COP21, se sont
engagées dans une déclaration

450

Les 4 Alliances du Pacte
de Paris représentent
aujourd'hui plus de
450 organisations
dans le monde.

commune à mobiliser leurs réseaux, à identifier des projets liés à l'adaptation et à la
résilience du secteur de l'eau et à faciliter leur
financement. Plus généralement, de nombreux événements se sont tenus sur la thématique de l'eau, tant en zone verte qu'en
zone bleue et par des acteurs du monde entier. Le tout, sous l'égide de l'initiative internationale #ClimateIsWater, un slogan fédérateur qui une fois encore a été largement
repris dans les deux enceintes de la COP22.
« Le PFE, quant à lui, a organisé pas moins de
six événements sur des thématiques variées et
porteuses de perspectives comme l'eau et le climat
dans les territoires insulaires, les solutions des
acteurs de l'eau français ou encore les coopérations
entre organismes de bassin français et étrangers
pour une meilleure gestion de la ressource », détaille Jean Launay.

Mieux connaître pour mieux gérer
Parmi les sujets phares défendus par le PFE
et ayant fait l'objet d'un événement en zone

Avis d'expert

11/2017

La COP23 aura lieu à Bonn
du 6 au 17 novembre 2017
sous présidence fidjienne.

verte : l'accès à la connaissance. « La connaissance des ressources en eau est un point incontournable pour la définition de politiques
d'adaptation par les États, rappelle Philippe
Guettier, directeur général du PFE. Aujourd'hui, on constate paradoxalement une forte
dégradation des réseaux de mesures et des systèmes d'information dans le domaine de l'eau,
notamment dans les pays les plus pauvres ».
Afin de mobiliser et agir ensemble, le PFE a
publié le guide « Mieux connaître pour
mieux gérer ». Cet ouvrage, qui met également en lumière les solutions apportées par
les acteurs français de l'eau en matière d'acquisition et d'analyse de données, a répondu
totalement à un besoin des visiteurs.
Camille Aulas

À lire
La publication du PFE « Mieux connaître pour mieux
gérer » : www.partenariat-francais-eau.fr/wp-content/
uploads/2016/10/PFE_Expertise_FR_N1.pdf

John Matthews, coordinateur de l'Alliance
pour l'adaptation mondiale de l'eau

« Nous devons élargir
l'initiative #ClimateIsWater »
Quelles sont les actions
à mener pour renforcer
les efforts de la communauté
internationale de l'eau ?
Nous devons dépasser la sphère
de la communauté de l'eau
en 2017. Notre but sera
de mettre en place une gestion
de l'eau capable de s'adapter
aux nouvelles problématiques
posées par l'équité, les
écosystèmes et les économies
dans un contexte de changement
climatique. L'initiative
#ClimateIsWater (#CIW),
que j'ai participé à créer, est là
pour mieux expliquer comment

de nouvelles approches peuvent
intégrer une gestion solide
des eaux dans les domaines
de l'énergie, de la finance, de
l'urbanisme, des écosystèmes,
de l'agriculture et même du
genre et de la sexualité. Et pour
cela, nous devons élargir cette
initiative pour lui permettre
d'incorporer des institutions
non liées à l'eau.
Comment peut-on faire de
la question de l'eau une priorité
des Nations unies ?
Les Nations unies semblent être
prêtes à travailler avec la

communauté de l'eau. Mais nous
devons également encourager
la communauté du climat
à intégrer une meilleure
connaissance des enjeux
liés à l'eau.
De façon plus générale, le débat
autour des politiques globales
se tient de plus en plus à une
échelle nationale voire locale.
Pour entamer un dialogue avec
ces groupes, nous devons nous
focaliser sur le côté financier :
#CIW peut s'adresser aux
bailleurs de fonds pour réduire
les risques liés à l'eau dans
leurs projets climatiques.

AVRIL 2017 -

http://www.partenariat-francais-eau.fr/wp-content/uploads/2016/10/PFE_Expertise_FR_N1.pdf

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