Confluence, le magazine de l’Agence de l’eau Seine-Normandie - N°64 - Avril 2017 - 20

INTERVIEW

FABIEN ESCULIER

Fabien Esculier est biogéochimiste. Il coordonne le projet
OCAPI, un programme de recherche sur l'adaptation
des systèmes d'assainissement aux enjeux environnementaux
et économiques du XXIe siècle.

« Construire
un nouveau
paradigme pour
l'assainissement »
Parcours

2006

Qu'est-ce que le projet OCAPI ?

FABIEN ESCULIER : OCAPI est un projet de recherche sur

l'optimisation des cycles carbone, azote et phosphore en
ville. Il a été initié en 2015 dans le cadre d'un partenariat
entre le Laboratoire eau environnement et systèmes urbains
(LEESU) de l'École des Ponts ParisTech, l'unité de recherche
Milieux environnementaux, transferts et interactions dans

« Le système
d'assainissement que
nous avons bâti au
XXe siècle n'est pas
compatible avec les
enjeux de l'adaptation
au changement
climatique.»
Fabien Esculier

- AVRIL 2017

les hydrosystèmes et les sols (METIS) de l'université Pierreet-Marie-Curie, l'unité de recherche Géographie-cités de
l'université Paris-1-Panthéon-Sorbonne et le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). Il bénéficie du
soutien financier de l'Agence de l'eau Seine-Normandie, du
Syndicat interdépartemental d'assainissement de l'agglomération parisienne (SIAAP) et du ministère de l'Environnement. Nos recherches visent à maximiser la valorisation
des ressources carbonées, azotées et phosphorées présentes
dans les eaux usées tout en limitant la consommation d'énergie et l'impact environnemental des systèmes d'assainissement. Nous nous intéressons notamment à la séparation
à la source des eaux usées. En effet, si les urines ne représentent que 1 % du volume des eaux usées, elles contiennent
l'essentiel de l'azote (89 %) et du phosphore (57 %) qui sont
ensuite éliminés dans les stations d'épuration. Une stratégie
coûteuse d'un point de vue énergétique puisque nous dépensons environ 10 MWh pour dénitrifier une tonne d'azote
réactif contenue dans les eaux usées, voire aberrante puisque
dans le même temps, les usines de production d'engrais
azoté consomment environ 10 MWh pour synthétiser une
tonne d'azote réactif. Si l'on prend également en considération le fait qu'environ 20 % de la consommation d'eau
potable des foyers est utilisée pour charrier les urines et les
matières fécales dans les réseaux, il apparaît que le système
d'assainissement que nous avons bâti au XXe siècle n'est pas
compatible avec les enjeux récemment intégrés par notre
société de l'adaptation au changement climatique. Un changement de paradigme est nécessaire.

Intègre le corps
des ponts, des eaux
et des forêts. Son
projet de fin d'études
« vers une gestion
cyclique des déchets
et des eaux usées »
sera la genèse
d'OCAPI.

De 2009
à 2013

Chef du service
de la police de l'eau
pour Paris, la proche
couronne et les axes
navigables du bassin
de la Seine.

2015

Démarrage
du projet OCAPI.

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