Confluence, le magazine de l’Agence de l’eau Seine-Normandie - N°64 - Avril 2017 - 15

Lutte contre l'érosion et le ruissellement :
les éléments déplacés restent cantonnés à
l'échelle de la parcelle.
Maintien des berges.

2 Épuration de l'eau : rétention des polluants,
infiltration dans le sol où ils se dégradent.
Abris d'espèces qui s'attaquent aux

3 prédateurs des cultures : baisse d'emploi
des pesticides.

4 Soutien des étiages.
5 Maintien de la biodiversité.
6 Corridor écologique.

7 Infiltration et recharge des nappes.

s
on
m

1
3

2 questions à

JEAN JOUZEL

5
7

Président du comité d'experts
sur le changement climatique de l'Agence
de l'eau Seine-Normandie

6
2
© Antoine Dagan

En pratique

Les multiples bénéfices des haies

es pluies plus
violentes associées
à des épisodes de
sécheresse plus
nombreux : voilà ce que
va provoquer, sur le
bassin, le changement
climatique. Il existe une
réponse simple à ces deux
phénomènes pour limiter
le ruissellement tout en
favorisant la recharge des

nappes : l'infiltration des
eaux pluviales à la source.
Et un exemple plus simple
encore permettant d'y
parvenir en zone rurale :
les haies. En favorisant
l'infiltration lente, tout
en réduisant ruissellement
et érosion, les haies
rechargent la nappe avec
une eau débarrassée des
polluants, en limitant les

Des projections scientifiques
alarmantes
« Il est urgent d'anticiper en améliorant la résilience
des territoires », souligne Sarah Feuillette. Les
crues inhabituelles du printemps dernier, la
multiplication des épisodes de sécheresse, les
canicules estivales annoncent ce qui pourrait
nous attendre demain. L'annexe 2 de la Stratégie d'adaptation de l'Agence de l'eau détaille les
projections scientifiques sur le bassin aux horizons 2050 et 2100. Hausse des températures
moyennes de 2 à 4 °C, baisse globale des précipitations accompagnée de pluies plus intenses,
réduction des débits et aggravation des étiages
des cours d'eau, baisse de la recharge des nappes

risques de coulées de
boue. Autres bénéfices,
elles agrémentent le
paysage, offrent un habitat
à la biodiversité et
constituent des corridors
écologiques. Enfin, quand
leurs résidus de taille sont
valorisés en boisbiomasse, ils peuvent
se substituer aux énergies
fossiles.

(environ 30 %)... autant d'impacts qu'il va falloir
amortir. « Les simulations du Groupe d'experts
intergouvernemental sur l'évolution du climat
(GIEC) montrent cependant que le pire serait évitable moyennant des politiques d'atténuation fortes.
Celles-ci sont indispensables car dans les scénarios
les plus pessimistes, il n'est même pas possible de
s'adapter ! », souligne Sarah s'appuyant sur les
conclusions de Jean Jouzel, spécialiste du climat
qui a accepté de présider le comité d'experts qui
a accompagné la démarche (voir interview cicontre). Pour autant, il serait irresponsable de
ne pas se préparer au changement.

Quels sont les enjeux du
changement climatique ?
La principale conséquence du
réchauffement climatique est la
diminution des régions où il fait bon vivre.
On pense évidemment aux zones qui
seraient submergées en cas d'élévation
du niveau de la mer. Ou aux écosystèmes
menacés par une hausse des
températures, à l'instar du corail dans
d'autres parties du globe. Des canicules
comme celle de 2003, qui a causé 15 000
morts en France, pourraient devenir la
norme. Ne pas lutter contre le
changement climatique c'est accepter
un monde plus chaotique dans lequel
les inégalités seront renforcées. Il faut tout
mettre en œuvre pour limiter la casse et
donc diviser nos émissions de gaz à effet
de serre par trois entre 2020 et 2050.

Pourquoi avoir participé
à l'élaboration de la
stratégie d'adaptation
au changement climatique
de l'Agence de l'eau ?
Cette stratégie repose sur des mesures
de bon sens, qui contribuent aussi à
l'atténuation. En anticipant les crises,
elle permet de les surmonter et participe
à une prise de conscience indispensable.
C'est un cercle vertueux : si chacun prend
conscience des enjeux et s'efforce d'y
répondre par des pratiques plus durables,
on y gagne tous. J'ai été frappé, lors de
mes échanges au sein de l'Agence de
l'eau, de voir à quel point les acteurs
de l'eau s'étaient déjà emparés du sujet.
C'est la démonstration que l'adaptation
au changement offre de nombreuses
opportunités.

Guillaume Tixier
AVRIL 2017 -

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