Confluence, le magazine de l’Agence de l’eau Seine-Normandie - N°64 - Avril 2017 - 11

prendre le temps pour conduire avec les élus et les services une réflexion globale, à la fois sur des bonnes pratiques concernant l'entretien des espaces publics mais
aussi sur leur conception et au final sur le type d'urbanisation pertinent pour la commune. L'abandon des
pesticides s'accompagne à Crépy-en-Valois d'un développement important de la nature en ville et se traduit
par une réflexion globale sur la biodiversité, l'urbanisme
et le traitement des eaux de pluie.
A. S. : Effectivement, il s'agit pour nous aussi d'une démarche globale. C'est pourquoi les communes volontaires ont bénéficié gratuitement d'un audit de leurs
pratiques, d'une formation de leurs élus et de leur personnel, ainsi que de la mise en place d'un plan de gestion
différenciée des espaces publics. La progression des
collectivités était régulièrement évaluée et leurs efforts
récompensés chaque année par un diplôme : le Trèfle
Phyt'Eaux Cités, aujourd'hui reconnu nationalement et
inclus comme référence pour la labellisation « Terre
saine, communes sans pesticides ».

Quelles difficultés avez-vous
rencontrées ? Comment les
avez-vous gérées ?

B. F. : La difficulté primordiale, c'est

et la falcaire, les abeilles seront mises à l'honneur en 2017.
Le vrai bilan, c'est que la nature reprend ses droits.

Quels conseils donneriez-vous aux élus qui
doivent dorénavant ne plus utiliser de
produits phytosanitaires ?

A. S. : Je leur dirais que cela ne sera pas simple mais

qu'il s'agit d'une question de santé publique et de protection de l'eau qui nécessite de leur part courage et
fermeté. Et surtout, qu'ils doivent absolument remporter l'adhésion de leurs agents qui seront les meilleurs
porte-paroles de leur action auprès des habitants.
B. F. : Tout à fait ! C'est une démarche qui doit être
menée par les élus et le personnel communal et qui ne
peut être que globale.
Catherine Salon

« Quand on
s'engage dans
la voie du zéro
phyto, il ne s'agit
pas seulement
de ne plus utiliser
de désherbants
chimiques. C'est
une démarche
qui nécessite une
réflexion globale.»

A. S. : Le suivi de la qualité de l'eau réalisé pendant toute
la durée du programme sur l'Orge, l'Yvette et leurs affluents
montre une baisse très significative de la contamination
des eaux par les pesticides. Les pics de pollution dépassant
les normes de potabilisation ont quasiment disparu, ce qui
confirme l'intérêt des démarches zéro phyto.
B. F. : C'est une démarche qui nous a permis d'impulser
une vraie dynamique. Après la réalisation en 2015 d'un
atlas de la biodiversité communale qui a identifié la présence de 404 espèces et variétés de plantes dont six très
rares comme la véronique à feuille mate, l'amarante couchée

©D
avid
Del
apo
rte

Quel bilan tirez-vous de ces changements
de pratique ?

/ An
dia
.fr

l'acceptation par la population. Il faut
faire beaucoup de pédagogie et de
communication. Pour les agents, ce
sont des changements de pratique qui
sont accompagnés par des formations
mais il faut aussi savoir imposer ces
nouvelles façons de faire et les mettre
en perspective.
A. S. : Nous nous sommes confrontés
directement aux difficultés d'un changement de culture. Les agents avaient
l'impression de retourner en arrière, Bruno Fortier
les habitants pensaient que certains
espaces étaient laissés à l'abandon. Nous avons dû
mettre en place une pédagogie douce mais ferme basée
sur les notions de santé et de protection de l'environnement. La communication avec les communes et les
habitants a été un facteur de réussite déterminant.

Le maire

BRUNO FORTIER
Maire de Crépy-en-Valois (60)
et 1er vice-président de la
communauté de communes
du pays de Valois.

AVRIL 2017 -

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