Confluence, le magazine de l’Agence de l’eau Seine-Normandie - N°61 - Juin 2016 - 19

« Renforcer la
prévention en matière
de qualité de l'eau,
plutôt que de devoir
réaliser des traitements
coûteux qui pèsent sur
la facture d'eau. »
Ségolène Royal

MINISTRE DE L'ENVIRONNEMENT.

européens du panel ont augmenté en moyenne de
2,6 % par an entre janvier 2013 et janvier 2015 (2 %
pour la France et 2,2 % pour le bassin Seine-Normandie).
Dans tous les pays de l'OCDE, le constat est le
même : la hausse des factures d'eau au cours de la
dernière décennie résulte principalement de l'augmentation des charges pour les eaux usées, destinée
à couvrir les dépenses d'investissement dans des
installations de traitement plus respectueuses de
l'environnement. Ces constats sont alarmants, qu'il
s'agisse du coût engendré par les diverses pollutions
ou de l'impact sur le budget des plus pauvres. Et si
la protection de la ressource était aussi un devoir
économique et social ?

30 %

À Paris, comme dans la
plupart des métropoles
européennes, la
consommation d'eau
a chuté de 30 % en 25 ans.
© Istock

Guillaume Tixier

Avis d'expert
Christophe Wittner, expert en matière de gestion des services publics d'eau et d'assainissement au sein de l'Unité mixte de recherche
en gestion territoriale de l'eau et de l'environnement (UMR GESTE).

Eau et assainissement :
un modèle économique en danger ?

'eau paye l'eau. Le principe est
simple : le prix payé pour l'eau
consommée doit permettre
d'assurer la durabilité des services
de fourniture en eau potable et
d'assainissement. Mais ce modèle est
fragile et menacé. On assiste depuis 2003
à une chute des consommations, en
France mais aussi au niveau européen,
de l'ordre de 12-13 %. Parmi les
multiples facteurs à l'origine de cette
baisse, il y a bien sûr la
désindustrialisation de l'économie, la
baisse de la croissance démographique
mais aussi les efforts des services

publics, des industriels et des
particuliers pour économiser l'eau et
adopter des comportements
responsables. Un effet vicieux, qui
s'appelle l'effet ciseau, se met alors en
place : alors que les recettes des services
d'eau s'érodent du fait de la baisse des
consommations, leurs dépenses restent
majoritairement constantes. Les coûts
des crédits, de personnel, du
fonctionnement et de la maintenance des
infrastructures ne sont pas tributaires de
la consommation... Du coup, la capacité à
investir et à financer le renouvellement
des infrastructures est menacée. Faute

d'intégrer aujourd'hui l'érosion
des recettes due à la baisse des
consommations et l'impératif de
financement du renouvellement des
infrastructures, certains services d'eau
cumulent une « dette patrimoniale ». Ils
gagnent du temps au lieu de préparer
l'avenir et se dirigent, de fait, vers une
forte augmentation du prix lorsqu'il
faudra réaliser des travaux, au lieu de
lisser l'effort de financement dans le
temps. Dans ce contexte, une réflexion
sur l'adaptation du modèle économique
et l'émergence d'outils financiers
adaptés semble souhaitable.

JUIN 2016

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