Confluence, le magazine de l’Agence de l’eau Seine-Normandie - N°61 - Juin 2016 - 18

À L A U N E / Le prix de l'eau

Zoom sur

Les tendances du tarif
Une multitude de critères influent sur le
montant final de la facture. Avec parfois
l'effet inverse de ce que l'on pourrait
supposer... Le point sur quelques idées
reçues et sur les tendances à venir en
matière de tarification de l'eau.

es premiers paramètres influant sur le
prix de l'eau sont liés au territoire et au
contexte environnemental. Un cadre urbain, avec une concentration des infrastructures et des consommateurs,
permet une meilleure mutualisation des
coûts. La disponibilité, l'origine, la qualité de l'eau
sont également déterminantes : une ressource limitée, éloignée ou dégradée sera plus onéreuse à potabiliser et distribuer. Ainsi, l'eau de surface est en
moyenne 20 % plus chère que l'eau souterraine, qui
subit moins de traitements. Des masses d'eau en
bon état écologique présentent donc un avantage
économique. Et paradoxalement, les redevances
prélevées par l'Agence de l'eau sur les factures contribuent à maîtriser le prix de l'eau. Directement, parce
qu'elles permettent de subventionner les investissements nécessaires (les services d'eau et d'assainissement reçoivent en moyenne 469 millions
d'euros par an d'aides de l'Agence), créant de ce fait
une solidarité de bassin. Indirectement, en contribuant à la protection des milieux et à la préservation
du grand cycle de l'eau.

Gestion des services
Comme les autres études publiées sur le sujet, l'enquête
menée sur le bassin Seine-Normandie en 2015 montre
un prix moyen de l'eau plus faible pour les services en
régie que pour les services ayant délégué leur gestion
à un prestataire privé. On aurait cependant tort d'en
conclure que la gestion privée est plus chère que la
gestion publique, d'autres facteurs contribuant à cet
écart de prix comme les types d'infrastructures techniques (en moyenne plus complexes dans les services
délégués).
Avec la loi NOTre, l'organisation de la gestion de l'eau
change d'échelle, les services d'eau communaux et les
petits syndicats doivent se regrouper au sein d'établissements publics de coopération intercommunale
(EPCI). L'enquête réalisée par l'Agence de l'eau montre
toutefois que le mode d'organisation du service, inter18

- JUIN 2016

Station d'épuration

communal (largement majoritaire sur le bassin) ou
commune isolée, n'a que peu d'impact sur le prix.
La gestion budgétaire des services influe aussi sur la
facture. Un prix bas peut en effet dissimuler de fortes
hausses à venir : si, par exemple, les renouvellements
de réseaux sont insuffisamment provisionnés.

Du local au global
Malgré des disparités très fortes - en Irlande, l'eau
n'était pas facturée jusqu'au 1er octobre 2014, la Suède
et la Finlande ne prélèvent aucune redevance, l'Italie
et l'Espagne pratiquent une tarification par palier en
fonction des volumes - on observe en Europe la même
tendance à la hausse qu'en France et sur le bassin.
Selon le baromètre NUS Consulting de la Fédération
professionnelle des entreprises de l'eau (FP2E), les prix
pratiqués dans les 5 plus grandes villes des 10 pays

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