Confluence, le magazine de l’Agence de l’eau Seine-Normandie - N°60 - Décembre 2015 - 21

Les clés
pour comprendre

Le conseil scientifique du
Comité de bassin est
composé d'une équipe
pluridisciplinaire de
chercheurs et d'experts.
Sa mission est d'émettre
des avis sur les enjeux et
questionnements relatifs aux
projets et orientations de
long terme. Au cours des
dernières années, les travaux
du conseil scientifique ont
porté sur les effets du
changement climatique, les
transitions agricoles et
dernièrement, sur le Schéma
directeur d'aménagement et
de gestion des eaux (SDAGE
2016-2021).

épisodes de sécheresse vont s'intensifier tandis que la fréquence des crues restera stable. Par ailleurs, elles intègrent
le fait que l'évolution des ressources ne dépend pas que du
climat. Les prélèvements industriels ou agricoles contribuent aussi à sa baisse. Par exemple, en Seine-Normandie,
la vulnérabilité est plus forte dans la partie beauceronne
car les précipitations y sont plus faibles, et les formations
géologiques aquifères sont sollicitées par l'irrigation. À ces
aspects quantitatifs, il faut ajouter les problèmes de qualité
de l'eau, qui risquent de s'accroître car la baisse des débits
entraînera une baisse du pouvoir de dilution des milieux
naturels, si bien que les polluants seront plus concentrés
dans les eaux.
Ces données vous paraissent-elles
être suffisamment prises en compte ?
A.D. : La communauté scientifique interagit bien avec les
acteurs institutionnels qui sont intéressés par nos travaux
pour penser l'aménagement du territoire. Par contre, je ne
suis pas certaine que les agriculteurs aient bien perçu le
problème que le changement climatique peut poser vis-àvis de leur activité. Ils sont souvent sur la défensive par
rapport aux questions de pollution et de sécheresse, deux
sujets sur lesquels ils sont directement interpellés. Je pense
qu'il devient urgent que nos résultats scientifiques soient
plus largement et mieux utilisés par les professionnels de

l'agriculture, qui doivent déjà, pour certains, faire face à
une diminution de la ressource.
Selon vous, que peut-on attendre de la COP21
sur les questions liées à l'eau ?
A.D. : Nous savons déjà que pour tenter de contenir le
réchauffement climatique en deçà de 2 degrés, ce qui est
l'objet des négociations de cette conférence, la seule mesure efficace est de diminuer nos émissions de gaz à effet
de serre. Les différents usages de l'eau ne comptent pas
parmi les activités les plus émettrices. Mais si l'eau n'est
pas le problème, elle n'est pas non plus la solution, en
raison de sa forte vulnérabilité au changement climatique.
Si l'on réfléchit par exemple à remplacer des énergies fossiles par des énergies peu émettrices en carbone, ce type
de solution est vite limité par la baisse annoncée des
débits. Il paraît illusoire de vouloir développer l'hydroélectricité dans le bassin de la Seine et la production de
la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine pourrait diminuer faute de refroidissement suffisant. Disons que même
s'ils ne sont pas au cœur des négociations de cette COP21,
l'eau et son partage restent des enjeux majeurs à l'échelle
locale comme au niveau mondial.
Catherine Salon
1. Étude : G. Ceballos et al. Accelerated modern human-induced species
losses : Entering the sixth mass extinction, Science Advances, 19 June 2015.

En savoir plus :
Consultez l'avis rendu
par le conseil scientifique
sur le SDAGE :
www.eau-seinenormandie.fr/fileadmin/
mediatheque
DÉCEMBRE 2015

http://www.eau-seine-normandie.fr/fileadmin/mediatheque/Dossier_partage/INSTITUTIONNEL/COMITE_BASSIN/Avis_CS_projet-de-SDAGE-def.pdf

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