Confluence, le magazine de l’Agence de l’eau Seine-Normandie - N°59 - Août 2015 - 27

d'Apollon.

Le bois arrive à Clamecy.

« Ce patrimoine
historique est à la fois
original et unique. »
Gérard Durand,

l'occasion par des jeunes dans le cadre du service
civique, se sont attelés à la construction d'un
véritable train de bois, « à l'ancienne ». Grâce
aux nombreux écrits subsistant sur le sujet, ils
ont percé les secrets de sa structure : un assemblage complexe de bûches superposées maintenues par des liens végétaux et formant des
creux dans lesquels de nouvelles bûches étaient
placées. Afin de répondre aux contraintes de
sécurité et de circulation en vigueur aujourd'hui,
le train de bois a dû être adapté (ajout d'un
petit moteur, bûches vissées, etc.). Mais, dans
un souci de fidélité, Flotescale a pris soin d'en
conserver l'apparence d'origine.
Au fil de son périple, le train de bois a fait des
haltes journalières dans des villes-étapes, où
des animations gratuites étaient organisées par
les offices de tourisme, les communes ou les
partenaires du projet.

Retour sur une épopée
de quatre siècles
Pour comprendre l'importance de ce patrimoine, il faut se replonger dans le Paris du
XVIe siècle. La capitale compte déjà plus de
300 000 habitants et manque cruellement de
matière première pour se chauffer. Le bois est
alors le seul combustible connu et les forêts
avoisinantes sont exsangues. L'avenir de la ville
est bel et bien compromis ! François Ier se tourne
alors vers le Nivernais-Morvan, où hêtres et
chênes poussent en abondance. Reste à acheminer le bois jusqu'à Paris ! Un défi qui donne
naissance à la technique du flottage du bois. Le
premier train de bois est mis à l'eau en 1547.
« C'est alors une véritable filière qui s'organise,
décrit Gérard Durand. Les bûches coupées en
hiver et martelées à la marque de leur propriétaire
sont vendues à des marchands, qui eux-mêmes font
appel à des spécialistes du flottage ». Les flotteurs
recrutés construisent
le train de bois puis le
* PERTUIS
Système d'ouverture/
dirigent jusqu'à Paris
fermeture permettant
en le maintenant
le passage des bateaux
dans le lit du courant
par la chute d'eau créée.

PRÉSIDENT DE FLOTESCALE

Le train de bois

arrive à Paris.

Le bois est sorti de l'eau : c'est le tirage.

Partenariat

L'Agence surfe sur la vague
du patrimoine

e périple du train de bois de
Flotescale traverse une partie
du territoire du bassin
Seine-Normandie. C'est donc tout
naturellement que l'Agence a
soutenu le projet. Reconnaissant le
formidable potentiel pédagogique
de l'événement, elle a organisé
des animations dans plusieurs
villes-étapes : à Clamecy le 6 juin,
à Auxerre le 11 juin et à Sens
le 16 juin. L'occasion de valoriser
la protection de la biodiversité,
et notamment des insectes.
Les visiteurs ont pu observer

à l'aide de perches. Il faut plus de dix jours pour
arriver dans la capitale. Avec le passage des
ponts et des pertuis*, le parcours est dangereux. Ces derniers présentent des dénivellations allant parfois jusqu'à 1,50 mètre. « Une
fois le train de bois arrivé à bon port, les flotteurs
parisiens prennent alors le relais et conduisent le
train jusqu'au chantier de dépôt de son propriétaire,
poursuit Gérard Durand. Les bûches y sont libérées, brossées puis mises à sécher pendant deux ou
trois mois. » C'est la fin du périple pour le train
de bois. Les flotteurs, eux, rentrent à pied

plusieurs espèces tout en écoutant
des experts leur raconter les
spécificités de leur habitat naturel.
Au salon-exposition Le Flottage du
Bois, qui s'est tenu du 27 juin au
4 juillet à Paris, c'est sous l'angle
artistique que l'Agence a tenu à
valoriser le patrimoine des
ﬂotteurs. Des œuvres extraites de
l'ouvrage Petites et Grandes
Histoires du bois sur l'eau de la
photographe Claire Xuan étaient
exposées. Chacun a pu ainsi se
laisser transporter par la richesse
des paysages immortalisés.

jusqu'à Clamecy (à plus de 200 kilomètres) où
ils s'embarquent à nouveau pour recommencer
l'opération. En 1841, le canal du Nivernais est
mis en service. Parallèlement, de nouveaux
combustibles émergent peu à peu, comme le
charbon et le gaz de ville. Le dernier train de
bois est démonté à Paris en 1877. Avec lui, une
page de l'Histoire se tourne. Mais un siècle et
demi plus tard, on rend encore hommage
à ces épopées et à ceux qui les ont rendues
possibles.
CAMILLE AULAS
AOÛT 2015

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