Confluence, le magazine de l’Agence de l’eau Seine-Normandie - N°59 - Août 2015 - 21

Les clés
pour comprendre

Le groupe eau et agriculture
du Comité de bassin réunit
l'ensemble des usagers de
l'eau concernés au titre des
thématiques agricoles :
services de l'État, collectivités
territoriales, agriculteurs et
consommateurs. Sous la
présidence d'Éric Rodez, elle
travaille notamment à
l'élaboration de nouvelles
mesures agroenvironnementales (MAE),
ambitieuses pour l'eau et
mieux adaptées à la réalité
du monde agricole.

montre bien que le monde agricole est engagé dans un
réel changement. Au sein même du Comité de bassin,
je constate que, depuis deux ans, les grandes orientations politiques ne font plus l'objet de clivages politiques
et qu'elles se prennent à l'unanimité. Dans le cadre du
groupe eau et agriculture, que je préside, la volonté
d'entendre la problématique de l'autre nous permet
d'avancer dans la réflexion et de formuler collectivement
des solutions pour accompagner le monde agricole vers
une agriculture durable.

Dans cette perspective, comment aborder
les questions liées à l'eau ?

E.R. : L'eau est un sujet transversal qui permet au monde

agricole d'évoluer de manière positive. Tout le monde
sent, sait que l'eau est un bien précieux. Les agriculteurs
savent également que le réchauffement climatique
risque de provoquer une raréfaction de la ressource.
À partir de ce constat, la problématique de l'eau appelle
à dépasser les généralités pour privilégier une approche
spatialisée, à l'échelle des territoires.

En quoi la mise en œuvre d'une approche
territoriale est-elle porteuse de changement ?

E.R. : En tant que viticulteur, je peux témoigner de

l'intérêt d'une telle démarche. Sur ma commune d'Ambonnay, en terre champenoise, nous sommes engagés
depuis une quinzaine années dans une autre logique
sur nos pratiques de désherbage. À ce jour, pour 40 %
des surfaces du terroir, le fait de retravailler les sols,
de laisser pousser de l'herbe dans l'inter-rang a permis
de diviser par deux la quantité des intrants. Avec le
soutien de l'Agence de l'eau, nous expérimentons également la création de chemins perméables, recouverts
de dalles alvéolées. Cette démarche collective volontaire, portée par une association syndicale autorisée
(ASA) porte ses fruits : en quinze ans, nous sommes
passés de 4 000 m3 de limons curés chaque année en
bas des coteaux à 600 m3. Il reste que l'engagement du
monde agricole sur la question de l'eau reste trop souvent méconnu. Depuis les premières directives sur la
préservation de la ressource, les indicateurs ont changé, ce qui donne le sentiment que la qualité des eaux
continue de se dégrader. La réalité est pourtant tout
autre. Les changements de pratiques opérés par les
agriculteurs ont permis de reconquérir en divers points
du territoire la qualité des eaux superficielles. Cette
réalité ne doit pas être oubliée et elle mériterait d'être
mieux mise en avant.
CATHERINE SALON

En savoir plus : Consultez
l'étude « Découvrir
l'agriculture du bassin de
la Seine pour comprendre
les enjeux de la gestion de
l'eau », téléchargeable
sur le site : www.sisyphe.
upmc.fr/piren/webfm_
send/820

AOÛT 2015

http://www.sisyphe.upmc.fr/piren/webfm_send/820

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