Confluence, le magazine de l’Agence de l’eau Seine-Normandie - N°59 - Août 2015 - 14

À L A U N E / Protéger le littoral

Illustration des niveaux
trophiques où certains
toxiques persistants se
bioaccumulent et se
bioconcentrent des
producteurs primaires
aux prédateurs.

Super-prédateurs

Poissons

Dessiner le risque

Micropolluants et faune marine
Les baigneurs ne sont pas les seuls menacés. Outre la
microbiologie, des micropolluants affectent aussi les
produits de la mer. Depuis les années 1980, l'Ifremer
surveille, à travers ses réseaux REMI et REPHY, la présence de contaminants biologiques et chimiques dans
les mollusques. Un travail que Jean Duchemin poursuit,
sur les poissons, coquillages et crustacés normands,

SDAGE ET LITTORAL
La plupart des défis du Schéma directeur d'aménagement et de
gestion des eaux (SDAGE) 2010-1015 du bassin Seine-Normandie avaient un impact direct sur la qualité du littoral : la
diminution des pollutions ponctuelles, diffuses, ou liées à des
substances dangereuses, mais aussi la protection et la
restauration des milieux aquatiques ou la lutte contre les
inondations. Le projet de SDAGE 2016-2021 va plus loin et
comporte un défi spécifique : protéger et restaurer la mer et le
littoral. Ce qui comprend la lutte contre l'eutrophisation, la lutte
contre les rejets portuaires et la pollution microbiologique des
eaux de baignade, la préservation des habitats marins et de la
biodiversité et même la gestion du trait de côte pour prévenir les
risques liés à l'érosion et la submersion marine. Ce nouveau
SDAGE s'articule parfaitement avec le plan d'action pour le
milieu marin Manche-Mer du Nord et l'objectif de bon état
écologique à l'horizon 2020 de la directive-cadre.

Faune benthique

Bio
ma
gn
iﬁc
ati
on

(invertébrés)

Macrophytes

(algues et plantes)

Phytoplancton

depuis 2004 : « Les bénéfices à consommer des produits de
la mer l'emportent nettement sur les inconvénients. Il faut
cependant savoir que les coquillages filtreurs peuvent reconcentrer jusqu'à trente fois les germes présents dans l'eau.
Des micropolluants organiques contaminent également la
faune marine. Métaux lourds, PCB, certains pesticides et
anti-fouling de bateaux s'accumulent dans les animaux qui
les ingèrent, atteignant des concentrations de plus en plus
élevées au fur et à mesure que l'on s'élève dans la chaîne
alimentaire, selon un processus appelé biomagnification. »

Algues invasives
Autre péril : l'eutrophisation. La présence d'algues est
parfaitement naturelle et nécessaire à la vie marine.
Leur prolifération l'est moins. Généralement issue d'un
déséquilibre écologique (excès d'azote ou de phosphore),
cette multiplication peut aboutir à l'asphyxie du milieu
et poser de réels risques sanitaires. Le littoral du bassin
Seine-Normandie est moins exposé aux marées vertes
que celui de la Bretagne grâce à une côte peu découpée
et une hydrodynamique forte. En revanche, les rivages
normands sont victimes du développement de phytoplanctons toxiques. La présence de ces micro-algues,
dont la toxine se reconcentre dans les bivalves filtreurs,
aboutit à des interdictions ponctuelles de pêche aux
moules ou aux coquilles Saint-Jacques. L'Agence collabore avec l'Ifremer et l'Université de Caen pour mieux
cerner le rôle des bassins-versants dans le développement de ces algues, et limiter leurs apports en azote et
phosphore, urbains ou agricoles.
Pour protéger le littoral, la solidarité de bassin doit prévaloir. Les industriels, les agriculteurs, les collectivités
des terres sont aussi responsables de la qualité de la
mer. De leurs actions découlera son bon état. Et la
santé de tous.
GUILLAUME TIXIER

AOÛT 2015

Bioac
c
ulation
um

« Pour établir un bon profil, il faut les techniques
du portraitiste, explique Jean Duchemin,
expert eau et santé à l'Agence de l'eau SeineNormandie : un trait pour dessiner les sources
de pollution, un sens du relief et de la perspective
pour illustrer le changement de la physionomie
du site selon l'importance des pluies, et enfin de
la couleur pour représenter l'influence du vent,
des courants, de la marée sur la dispersion des
flux polluants... » Mais, plus que des portraits, ces profils sont des outils. Identifier
les risques microbiologiques permet aux
collectivités de hiérarchiser les travaux à effectuer
et de réagir instantanément, voire préventivement,
en cas d'alerte liée par exemple à un épisode pluvieux
intense qui ferait déborder des bassins d'orage ou
entraînerait des ruissellements chargés d'effluents
d'élevage.

d'origine urbaine ou rurale, qui en
influencent la qualité. Des profils
similaires, établis pour toute l'année et non
pour la seule période estivale, concernent
les zones de production de coquillages : on
parle alors de profils conchylicoles.

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