Confluence, le magazine de l’Agence de l’eau Seine-Normandie - N°59 - Août 2015 - 11

mais il fallait un temps infini pour chaque brin d'herbe.
Nous utilisons maintenant une débroussailleuse, beaucoup plus pratique, pour la voirie et une tondeuse pour
les plus grands espaces. Pour tous les parterres de fleurs,
nous avons recours au broyat de branches, qui évite la
repousse de l'herbe.
F.L. : Nous mettons également en œuvre un désherbage
mécanique qui combine plusieurs outils. Nous utilisons
la houe rotative pour décoller les racines des adventices,
puis la herse étrille et la bineuse. Dans certains cas, nous
intervenons aussi à la main, sur le rang, ce qui suppose
de faire appel à de la main-d'œuvre saisonnière.

Quelles difﬁcultés avez-vous rencontrées ?

F.L. : Il faut pouvoir investir et s'équiper suffisamment

J.-J.B. : Les bénéfices pour l'environnement sont effectivement très concrètement mesurables. En cinq ans,
l'abandon des pesticides nous a permis de constater le
retour de la bouvière dans la petite rivière qui traverse
notre village. La présence de ce poisson, une espèce
protégée, est réellement très encourageante.

Quels conseils donneriez-vous aux lecteurs
intéressés par le désherbage alternatif ?

J.-J.B. : Mon conseil tient en trois mots : informer,

expliquer et communiquer ! Aujourd'hui, les questions
environnementales rejoignent les questions de santé
publique. Le désherbage est un sujet très porteur pour
aider nos citoyens à prendre conscience de ces enjeux.
F.L. : Je partage ce point de vue. Le succès repose d'abord
sur un changement d'état d'esprit. Il faut accepter la
présence limitée et contrôlée de mauvaises herbes. Mon
conseil serait de ne pas hésiter à aller se renseigner
auprès d'agriculteurs qui cultivent en bio car ils emploient des techniques et des méthodes tout à fait adaptables à l'agriculture conventionnelle.

rapidement pour éviter que les adventices ne s'installent
de façon trop importante. L'autre inconvénient est que
nous sommes complètement tributaires de la météo.
Certaines années, les interventions mécaniques peuvent
être réalisées sans difficulté. Mais s'il pleut, la situation
devient vite beaucoup plus difficile.
J.-J.B. : Pour nous, commune de 420 habitants, les
efforts ont d'abord porté sur la communication, d'autant
que nous avions décidé de passer
d'emblée en « zéro phyto » sur
toute la commune, y compris sur « Il faut accepter
le cimetière, pour avoir un meil- la présence limitée
leur résultat. Avant même de
démarrer le projet, il a fallu et contrôlée de
convaincre les élus, le personnel "mauvaises herbes". »
et la population qui n'avaient,
bien sûr, pas l'habitude de voir �ançois Lefevre,
AGRICULTEUR BIOLOGIQUE
de l'herbe sur les trottoirs.

CATHERINE SALON

De quel accompagnement avez-vous
bénéﬁcié ?

J.-J.B. : Le parc naturel régional du Gâtinais français,
dont fait partie la commune de Boigneville, a apporté
un accompagnement technique, depuis l'étude de nos
espaces publics jusqu'à l'établissement d'un programme
d'entretien.
F.L. : La chambre d'agriculture et Agriculture Biologique
de Picardie nous ont apporté un appui technique et
administratif. Sur le plan financier, les subventions à
l'achat de matériel et les aides à la conversion en bio
apportées par l'Agence de l'eau ont été déterminantes.

Quel bilan tirez-vous de ces changements
de pratiques ?

Le professionnel

FRANÇOIS LEFEVRE
Agriculteur en Picardie, sur l'aire
d'alimentation du captage de
Saint-Just-en-Chaussée (60), François
Lefevre est à la tête d'une exploitation de
300 hectares cultivés en bio. Depuis
cinq ans, il pratique exclusivement
le désherbage mécanique.

bage obligent à anticiper pour ne pas être constamment
dans le curatif. Il faut accepter d'être plus présent dans
ses champs pour agir au bon moment. C'est une autre
vision de la production agricole et de son lien avec
l'environnement. D'une certaine manière, j'ai redécouvert mon métier.

F.L. : Les méthodes alternatives de culture et désher-

AOÛT 2015

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