Clefs - Le système politique de l'Union européenne -9 - (Page 136)

LA NATURE POLITIQUE ET JURIDIQUE DE L'UNION 136 soft » par opposition aux « puissances hard » caractérisées par leur dimension diplomatique et militaire. À la faveur de la deuxième guerre du Golfe, un politiste américain, Robert Kagan, avait même suggéré d'opposer l'Europe comparée à la déesse Vénus, aux États-Unis caractérisés par le dieu Mars 2. D'autres auteurs, mieux inspirés, en viennent ainsi à comparer l'Union européenne à « une grande Suisse ». Il semble que, dans cette voie, le qualiﬁcatif le plus pertinent soit celui qui consiste à souligner l'importance que l'Union européenne accorde au droit en la présentant sous les traits d'une « puissance normative » 3. À l'appui de cette explication, l'on trouve la politique européenne de concurrence qui fait plier certaines entreprises multinationales étrangères, comme Microsoft, jugées en « position dominante », mais aussi l'action extérieure de l'Union qui a contribué à la création de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), du Protocole de Kyoto et, malgré l'opposition de l'administration Bush, du Tribunal pénal international. Encore que ce type d'action rencontre des limites, notamment en matière de régulation du réchauffement climatique. Aussi certains auteurs s'interrogent-ils sur la capacité de l'Union à jouer un rôle stratégique sur la scène internationale tant qu'elle ne disposera pas d'une puissance globale 4. Sans atteindre le niveau d'une hyperpuissance, comme les États-Unis ou la Chine, elle lui permettrait de peser de manière effective dans les négociations engagées au sein du G 8 ou du G 20. Pour cela, elle devrait disposer d'un véritable leadership. Ce qui implique que les chefs d'État et de gouvernement des États membres tolèrent que les présidents permanents du Conseil et de la Commission, voire le Haut Représentant pour la PESC, puissent parler d'une seule voix dans les organisations et les conférences internationales. Sans attendre que les États-Unis et les puissances émergentes se lassent de la présence encombrante des délégations des vingt-huit États membres, dans les instances internationales.... Raymond Aron n'écrivait-il pas déjà dans ses mémoires que « l'élargissement de la scène politique a modiﬁé l'échelle de la puissance. Telle nation, grande dans le cadre européen, devient petite dans le cadre mondial ». Le débat autour du concept de fédération La tendance au mimétisme qui a conduit les « pères fondateurs » de l'Europe, fascinés au lendemain de la Seconde Guerre mondiale par le succès des États-Unis d'Amérique, à promouvoir des États-Unis d'Europe a fait progres- 2 Robert Kagan, Of Paradise and Power, Knopf, 2003. Zaki Laïdi, La Norme sans la force, Presses de Sciences-Po, 2e éd. 2008. 4 Nicole Gnesotto, L'Europe et la puissance, Presses de Sciences-Po, 1998 ; Nicole Gnesotto, dir., La politique de sécurité et de défense de l'UE, Institut d'études de sécurité, 2004. 3

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