Chapitre II LeS eNJeUX POLITIQUeS De La DÉBUDGÉTISaTION 47. En quoi la débudgétisation renforce‑t‑elle la présence du paradigme managérial ? Il a été signalé précédemment que le new public management touche entre autres les principes et règles régissant la responsabilité politique, en ce sens qu’il ramène la responsabilité résultante de la gestion financière à une responsabilité gestionnaire dont le fardeau est supporté par les managers. La responsabilité politique est donc affaiblie puisque ce sont les managers qui sont comptables de leurs actes de gestion et non plus les leaders politiques, et par conséquent le rôle des parlements s’est vu de plus en plus réduire, tant que ses pouvoirs législatifs et de contrôle sont affaiblis. Néanmoins, il est à préciser que la débudgétisation en tant que telle est un processus qui est amorcé bien avant les années 1980 pour les opérations de l’emprunt. De ce fait elle peut être inscrite dans une pure fonction technique et politique liée au contexte qui était derrière son adoption. Par ailleurs, son main‑ tien en tant que mécanisme de gestion des emprunts après les années 1980, ainsi que le renforcement du phénomène de la débudgétisation par les instruments d’affectation des recettes en provenance de la privatisation, peuvent être considé‑ rés comme une sorte d’adaptation fonctionnelle, en ce sens que la débudgétisation s’est vue approprier d’une nouvelle fonction qui est la fonction managériale. Ce raisonnement conduit à considérer la débudgétisation de l’emprunt et des recettes de privatisation comme une manifestation de la rationalisation du par‑ lementarisme dans les deux pays (Section I). Ce parlementarisme rationalisé est consacré par une attitude réaliste adoptée par les juges constitutionnels marocain et français en matière de finances publiques (Section II). SecTION I UNe DÉBUDGeTISaTION reNfOrcÉe Par LeS MÉcaNISMeS DU ParLeMeNTarISMe raTIONaLISÉ 48. Il convient de noter que l’histoire du parlementarisme indique que les pouvoirs de l’institution parlementaire sont historiquement liés au contrôle des recettes publiques. En effet, c’est le principe du consentement à l’impôt qui a