Ifremer N°118 au journal le marin du 31 décembre 2010 - (Page 1)

Les nouvelles de l DÉCEMBRE 2010 RESSOURCES MINÉRALES Mines de fonds… de mer ? 118 Interview Les fonds des océans recèlent une grande richesse de métaux. La France, avec l’Ifremer et ses partenaires publics et privés, s’engage vers leur exploration pour identifier leur potentiel économique. publics qui est notamment de faire explorer les zones maritimes où la France exerce des droits souverains. Les milieux économiques ont besoin de certaines substances au titre de matière première et l’exploration des potentiels est un axe important. Nous sommes encore dans la reconnaissance préliminaire car les cibles, amas sulfurés et encroûtements métallifères, n’ont été découvertes que récemment. Nous sommes loin de l’évaluation en termes de perspective minière. Mais des titres ont été délivrés dans certaines zones étrangères et un projet avancé de mise en exploitation existe au large de la Papouasie Nouvelle-Guinée ». L’exploitation des minerais sousmarins ne nécessite pas le creusement de galeries et certaines minéralisations sont plus riches que leurs équivalents terrestres. Ces facteurs convergent pour minimiser les coûts d’exploitation, la dépense énergétique nécessaire aux exploitations et l’impact environnemental. L’exploration scientifique permettra aussi de dynamiser la connaissance de la biodiversité et apportera des données de base (cartes bathymétriques...) pour définir des espaces à protéger, sous forme de zones de références ou d’aires marines protégées (AMP), afin de garantir le juste équilibre entre préservation et exploitation. L’ Agence des AMP est directement impliquée dans cette démarche, dès la phase de reconnaissance. Les données acquises seront fondamentales pour les études d’impact des exploitations. Il s’agit de définir des domaines à protéger et des réserves de métaux qui, même si elles ne sont pas rentables économiquement à court terme, pourraient être considérées comme des réserves stratégiques dans un contexte mondial de plus en plus concurrentiel dans ce domaine. Une première opération d’exploration des fonds océaniques a eu lieu dans le cadre d’un partenariat public-privé (voir page 2) au cours de l’été 2010, dans la Zone Économique Exclusive (ZEE) française au large de Wallis et Futuna. Le gouvernement souhaite renforcer le savoir-faire technologique du BRGM et de l’Ifremer en matière d’exploration, d’extraction et de transformation des métaux rares. Par ailleurs, AREVA et ERAMET poursuivent le développement de leurs activités minières. © Ifremer-Nautile / Campagne Futuna 2010 Certains métaux sont concentrés dans les sulfures contenus dans les cheminées hydrothermales. vec l’énergie, les ressources minérales constituent des éléments essentiels du développement des économies industrielles. Or, la forte demande des pays émergents et de leur population (Chine, Inde…), place les questions d’accès aux matières premières au centre des enjeux de la géopolitique internationale. Sécuriser ces approvisionnements devient une question vitale pour les nations. La France, aujourd’hui quelque peu dépourvue de ressources minières en métropole, est confrontée au risque de se voir imposer des prix élevés pour se fournir. L’envolée du cours des métaux stimule la recherche de nouveaux gisements, terrestres, mais aussi dans le domaine marin. En 1974, la campagne franco-américaine Famous, sur la dorsale Atlantique, voyait le submersible Cyana remonter un bloc de manganèse des premiers dépôts hydrothermaux découverts. En 1979, on observait la première source hydrothermale active dans le Pacifique. L’Ifremer a depuis multiplié les campagnes en eaux profondes et enrichi sa connaissance de ce vaste univers. Ces campagnes ont notamment aidé à identifier les processus géologiques et géochimiques qui conduisent à la concentration des métaux et à leur localisation : nodules, encroûtements cobaltifères et manganésifères ou sulfures hydrothermaux. Toutes contiennent des métaux tels que cuivre, zinc, manganèse, or, argent, platine et Les nouvelles de l’Ifremer n°118 - publiés dans © Ifremer numéro A d’autres utilisés dans les technologies de pointe (électronique, écrans plats, énergies renouvelables…). Cette expérience vaut à l’Ifremer d’être au premier rang du grand chantier gouvernemental lancé par JeanLouis Borloo, alors ministre de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer, le 27 avril 2010. Ce jour-là, le conseil des ministres annonçait un ambitieux plan d’actions. Il vise à sécuriser l’accès de la France aux matières premières minérales rares, partant notamment du principe que le pays dispose d’un ensemble cohérent d’expertise scientifique et de compétences technologiques en matière de grands fonds sous-marins ou d’exploitation minière : l’Ifremer et le BRGM (Bureau des recherches géologiques et minières) pour les établissements publics, Technip, AREVA et ERAMET, pour les industriels. “ Des dépôts riches et concentrés f Quel a été votre parcours jusqu’à cette fonction ? À l’origine, je suis titulaire d’une thèse de métallogénie et donc spécialiste de la formation des gisements métalliques. J’ai d’abord travaillé en terrestre pour le BRGM (Bureau des recherches géologiques et minières). C’est en 1982 que je suis devenu géologue marin avec le Cnexo, puis l’Ifremer. Aujourd’hui, j’assume la responsabilité du laboratoire de géochimie et de métallogénie et m’intéresse particulièrement aux échanges entre l’eau de mer et les roches. À ce titre, je suis régulièrement chef de mission de campagnes océanographiques, comme cet été pour Futuna 2010. L’idée était de découvrir des systèmes hydrothermaux au Nord des îles Fidji dans une zone sous juridiction française, près de l’île de Futuna. SAVOIR-FAIRE Eric Besson, qui vient d’être chargé du dossier des matières premières, l’a clairement identifié comme prioritaire. Un Comité pour les métaux stratégiques (Comes) devrait donc être créé et animé par François Bersani : « Cet organe de concertation réunira des ministres, des représentants d’organismes publics et d’autres acteurs de l’économie. Le pilotage d’opérations ne relèvera en principe pas de sa responsabilité, mais il accompagnera la politique des pouvoirs du 31 Décembre 2010 f De quels types de ressources minérales parle-t-on ? Les campagnes auxquelles j’ai participé depuis 25 ans sur des suite page 2 f “ Yves Fouquet Responsable du laboratoire de géochimie et de métallogénie de l’Ifremer

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