Ifremer N° 106 au journal le marin du 31 octobre 2008 - (Page 1)

Les nouvelles de l façon conjointe par les scientifiques et les professionnels. Elles ont abouti à un aménagement, à une restauration et une réglementation qui permet de maintenir une pêche professionnelle et d’accroître les populations de saumons. C’est un exemple unique en Europe. Tout le monde a endossé ses responsabilités sur la base d’un cahier des charges admis par tous ». Le réseau Indicang, consacré à l’anguille européenne, procède du même type de partenariat, mais à une échelle plus large, du Portugal à la Cornouaille anglaise. « Le guide méthodologique réalisé par les professionnels sera un point d’appui au plan de restauration français, mais aussi espagnol et anglais ». Le réseau, coordonné par l’Ifremer et qui couvre l’Arc Atlantique, constitue en effet désormais une référence en Europe. On peut encore citer le plan de gestion et de restauration de la langoustine, coordonné par l’AGLIA et pour lequel l’Ifremer a activement contribué (sélectivité des engins, évaluation des mesures de gestion…) ou la coordination par l’Institut des travaux sur les économies d’énergie. « Nous répondions à une demande du gouvernement, dans le cadre du plan Barnier, et des professionnels qui vivent désormais avec cette épée de Damoclès, car l’augmentation du prix du pétrole est structurelle, malgré la baisse actuelle. Nous travaillons avec le laboratoire de technologies halieutiques de Lorient (voir p.2), en partenariat avec les pêcheurs, les équipementiers, les motoristes… ». Cet esprit de partenariats multiples va à l’avenir, être de plus en plus affirmé. La mise en place de chantiers, à l’image du Défi Manche, va permettre d’aller au-delà de ces exemples ponctuels. Sur de plus larges zones (Manche ou bien golfe de Gascogne, Méditerranée occidentale…), les questions de la définition d’un cahier des charges pour une approche intégrée, de l’échange des connaissances avec les parties prenantes ou encore de la coordination et de la maîtrise d’œuvre vont changer d’échelle. numéro NOVEMBRE 2008 Approche systémique des pêches Une démarche intégrée et partenariale Le développement durable des activités halieutiques a pour préalable une vision intégrée des ressources et de leur valorisation. Outils, méthodes et connaissances de cette approche sont au cœur du programme Demostem de l’Ifremer. Interview © Ifremer/Fabien Morandeau Patrick Prouzet, Responsable du programme Demostem Englober tous les aspects La pêche n’est pas la seule activité d’extraction, mais un usage parmi tant d’autres qui utilisent les biens et les services de l’environnement. STRATÉGIE GAGNANTE L’action des usages autres que la pêche est notamment pris en compte par le développement de collaborations avec des programmes dédiés tels que Dysco (Dynamique et santé des écosystèmes côtiers et estuariens) ou GIZC (Développement durable et gestion intégrée des zones côtières). Le transfert des connaissances et des acquis, ainsi que leur valorisation, sont développés dans le programme Sidepêche de l’Institut. Sur le terrain la méthode a déjà fait ses preuves. « Dans l’estuaire de l’Adour, explique Patrick Prouzet, responsable du projet Demostem, des connaissances ont été produites de du 31 octobre 2008 P Quel parcours vous a mené à cette fonction ? Directeur de recherche à l’Ifremer, je suis depuis plus de trente ans spécialiste de la biologie des pêches et d’écologie. J’ai beaucoup travaillé sur les ressources migratrices et les poissons amphihalins et j’ai, à ce titre, une sensibilité forte aux impacts des autres usages (agriculture, urbanisme, industrie, aménagement…) sur les pêcheries et les ressources qu’elles exploitent. C’est donc assez naturellement que je me suis orienté vers cette approche intégrée. La pêche n’est pas la seule activité d’extraction, mais un usage parmi tant d’autres qui utilisent les biens et les services de l’environnement. P Ce regard est au cœur de l’approche systémique ? Il s’agit effectivement d’une tentative d’approche complète sur la filière pêche et, au-delà, sur l’écosuite page 2 f Les nouvelles de l’Ifremer n°106 publiées dans “ L ’approche systémique des pêches (ASP), a été adoptée par la FAO en 2001, et inscrite en 2002 dans le plan de mise en œuvre du Sommet de Johannesburg pour le développement durable. Elle vise à réaliser une synthèse cohérente d’orientations politiques, de résultats de la recherche, ainsi qu’une panoplie d’outils opérationnels au service d’une exploitation durable des ressources halieutiques. La philosophie de l’ASP est de placer les activités humaines au centre de l’écosystème et de s’efforcer d’optimiser, tout en préservant la biodiversité, les équilibres entre les différents usages des richesses de l’océan. Dans le domaine de la gestion des pêcheries, cette approche a conduit à une modification de la démarche traditionnelle qui traitait jusqu’alors sectoriellement de questions interdépendantes (ressources, environnement, aménagement…). Or, la pêche n’est pas la seule contrainte exercée sur les ressources. La recherche a donc évolué vers une vision plus intégratrice. À un premier élargissement (du stock à l’écosystème) s’est ajouté celui dans lequel le système ressources-pêcheur est remplacé par le système ressources-société qui induit de nombreux aspects : biologie, écologie, technologie, environnement mais aussi économie, sciences sociales, aquaculture ou encore nutrition. Le programme DEMarche écOSysTEMique (Demostem) est dédié à l’étude de ce système plus large et donc plus complexe. Sa stratégie est celle d’une démarche intégrée, partenariale, qui doit amener à produire des connaissances et des outils d’aide à la décision publique. “

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