Produits de la mer-n°153-Juin 2015 - 45

Dossier ❘ THON

Conserve :

course à la responsabilité
Sous la pression des ONG, conserveurs et
distributeurs ﬂèchent le thon de ligne.
Jugée plus durable, cette pêche peu
abondante est automatiquement plus chère.

la ligne, en précisant que l'espèce n'est
pas menacée. C'était aussi l'occasion pour
le groupe de rappeler l'existence, depuis
2011, de son programme « Qualité responsable » sur la pêche et la sauvegarde
de l'écosystème. Aujourd'hui, on murmure
que la prochaine cible de Greenpeace
pourrait être l'Italie.
Dans l'immédiat, les quantités de thon
capturé à la ligne sont largement insuffisantes pour satisfaire la demande.
« Compte tenu des volumes disponibles, il est
aussi 40 % à 60 % plus cher que le thon pêché
à la senne. Or, la matière première représente
environ la moitié du prix de revient du produit
fini. Même en compressant les autres coûts
au maximum, le surcoût de la boîte atteint
15 à 20 % », explique un fabricant. D'où la
nécessité pour les enseignes de réduire

Surcoût

%
pour du thon de ligne
par rapport au thon de
senne.

Cher germon

E
L.F.

epuis environ 5 ans, plusieurs
pays européens orientent
leurs approvisionnements en
conserves de thon sur des origines plus durables : pêchées à la ligne
ou certifiées MSC. Aujourd'hui, cette offre
est présente chez la quasi-totalité des distributeurs scandinaves et britanniques.
Tendance accélérée par la pression des
ONG environnementales, comme le
montre le classement par Greenpeace des
marques de conserves de thon vendues
en France. Objectif : inciter le consommateur à choisir les boîtes dont le thon provient de stocks en bon état et pêché à la
canne, à la ligne de traîne ou à la senne
sans dispositifs concentrateurs de poisson (DCP).
Quelques mois avant la parution du
classement, Système U avait basculé l'ensemble de sa gamme de conserves U en
thon pêché à la canne suite à sa démarche
« engagement ressources pêche et aquaculture » entamée en 2012. Carrefour a
ensuite introduit deux références à sa
marque : une d'albacore, l'autre de listao.
Entre-temps, Bolton Alimentari-Saupiquet
a lancé en France à la marque Saupiquet
deux références de thon listao pêché à

leur marge pour ne pas augmenter
leurs prix de vente consommateur.
Sauf à positionner le produit en
haut de gamme, comme le fait
Chancerelle, depuis 2002 déjà, en
emboîtant à Douarnenez du thon
albacore pêché à la canne. Pour
Pascale Etrillard, responsable marketing, cette méthode offre deux
avantages clés : « La pêche sélective des poissons préserve l'environnement. Le thon est moins stressé, les traumatismes moins nombreux, cela préserve ses
qualités organoleptiques. Depuis sa création,
Chancerelle est engagé dans une démarche
responsable vis-à-vis de ses fournisseurs, de
l'écosystème marin et des consommateurs.
C'est l'une des rares conserveries françaises
à transformer de l'albacore et du germon
entier permettant ainsi de maintenir des
emplois en Bretagne. »
Emblème de cet engagement, le thon
blanc label Rouge Connétable, lancé en
2008, est la principale offre à marque de
ce type en France. Pêché exclusivement
en Atlantique nord-est, lors de campagnes
très courtes, et réfrigéré à bord, il est paré
manuellement puis emboîté frais, à cru.
Chancerelle revendique aussi son rôle de
pionnier en France, avec le lancement en
2007 du premier thon germon durable
certifié MSC. Pêché à la canne ou à la
ligne dans le Pacifique, il est réceptionné
entier congelé et entièrement travaillé à
Douarnenez. ■

n 2013, les conserveurs français ont transformé plus de 3 000 tonnes (équivalent entier) de
thon blanc. La part française varie selon les captures des chalutiers adhérents des organisations de producteurs. « Les volumes sont complétés par des importations de germon congelé
en provenance d'Afrique du Sud, prises émanant essentiellement de ligneurs. Les États-Unis, dont
les pêcheries sont certifiées MSC, sont les seconds fournisseurs », précise le consultant Romain
Chabrol. En 2013, les importations étaient de 1 020 tonnes mais les disponibilités mondiales
sont limitées. « Les prix ont considérablement augmenté ces derniers mois du fait de moindres
captures », note un transformateur. En mars, ils atteignaient 3 000 € la tonne.

PRODUITS DE LA MER N°153 JUIN 2015

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