Produits de la mer-n°153-Juin 2015 - 42

Lionel Flageul

Dossier ❘ THON

Thon rouge pêché
à la palangre.
La bague autour de
la queue renseigne
sur son origine.

chair conforme aux critères des importateurs japonais, prenant dans le même
temps 35 % à 55 % de poids. En 5 à 6
mois, ils atteignent en moyenne entre
80 kg et 200 kg. « Ce débouché est devenu
prépondérant pour les senneurs à partir de
2007 suite à la mise en place du plan de
reconstitution des stocks. Du fait de l'interdiction des captures de thons de moins de
30 kg, il restait le seul possible », explique
un professionnel.

D.R.

La marque
collective apporte
une garantie
de traçabilité.

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PRODUITS DE LA MER N°153 JUIN 2015

L'activité est très strictement encadrée.
« Une fois le filet fermé et la quantité de
thons estimée, nous demandons aux autorités françaises l'accord de transfert des thons
à notre acheteur. Visionnée avec l'acheteur et un observateur de l'Iccat, une vidéo
réalisée lors du transfert du filet à la cage
flottante nous permet d'ajuster l'estimation », explique Nicolas Giordano. Enfin,
les thons sont filmés un à un par une
caméra stéréoscopique lorsqu'ils passent
de la cage flottante au vivier, afin de les
comptabiliser et calculer leur poids. En
cas de dépassement du quota individuel
du bateau lors de sa dernière capture, ils
sont relâchés vivants. « Nous sommes arrivés ces 3 dernières années à un système de
contrôle à la fois très efficace et nous autorisant une certaine flexibilité », se satisfait
le patron pêcheur. Seul regret : depuis
2007, la période de pêche, limitée à un
mois (du 25 mai au 26 juin), laisse place
aux aléas liés aux conditions météorologiques et à la migration des thons. Quant
aux prix payés aux pêcheurs, favorisés
par la baisse du cours de l'euro par rapport au yen, ils étaient de l'ordre de 9
à 10 €/ kg l'an dernier, contre 3 €/kg en
2014. L'augmentation des quotas pourrait
les tirer à la baisse. Mais les deux effets se
compenseront peut-être.

Du côté des petits métiers, on entend
aussi le faire savoir : « Le thon est l'espèce la
mieux suivie au monde », souligne Bertrand
Wendling, directeur de l'OP Sa.Tho.An.
Dès l'été 2012, les artisans pêcheurs
des régions Aquitaine et LanguedocRoussillon lançaient une première campagne de promotion du thon rouge pêché
à la ligne, cofinancée par France AgriMer.
Dans les poissonneries régionales participantes, le pictogramme « Thon rouge de
ligne, pêche artisanale » permettait aux
consommateurs de le reconnaître. Une
action relayée sur Facebook avec la charte
d'engagement des professionnels, insistant sur le respect de la règlementation de
la pêche. Claim de la campagne : « Le thon
rouge, une histoire d'avenir ».
Poursuivie en 2013 et 2014, cette opération visant à réhabiliter la consommation de thon rouge vient de passer
à la vitesse supérieure. « Thon rouge de
ligne, pêche artisanale » devient cette
année une marque collective, bénéficiant d'un site pédagogique dédié. En un
seul clic, on retrouve l'origine de chaque
poisson pêché par les adhérents des OP
Sa.Tho.An et Pêcheurs d'Aquitaine grâce
au numéro de bague. Euro Marée, Médi
Pêche et le groupe Barba sont les partenaires habilités à qualifier le produit. « La
marque conforte les efforts de traçabilité.
Cela rassure », estime Didier Favolini, dirigeant d'Euro Marée. « Alors que beaucoup
avaient abandonné le thon rouge, je n'ai
jamais cessé de travailler avec les artisans
pêcheurs, qui pratiquent une pêche responsable. » Mais le prix a triplé entre-temps,
rendant le produit moins accessible à certaines clientèles, comme la petite restauration. Même écho à la poissonnerie La
marée de Neptune à Montauban, où JeanPierre Fernandez, également président de
la Scapp témoigne : « Une tranche de thon
pèse environ 1 kg. À 50 €/kg, le prix freine
l'achat. »
« Pendant 2 ans, le produit s'est vendu très
localement, reconnaît Bertrand Wendling.
En 2012, certaines enseignes de la grande distribution jugeaient prématuré de reprendre
les ventes, préférant attendre que les avis
scientifiques soient consolidés. » Mais la plupart de celles qui n'en commercialisaient
plus sont maintenant convaincues par
la garantie de traçabilité apportée par la
marque collective. « L'objectif n'est pas d'accroître les ventes, mais de remettre du thon
rouge sur les étals. » Et aussi à la carte des
grandes tables. ■

http://Sa.Tho.An http://Sa.Tho.An

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