Produits de la mer-n°153-Juin 2015 - 30

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L'or rose
enrichit Boulogne

Pour diversifier leur
activité centrée
sur le hareng et
le maquereau,
les saurisseries
boulonnaises se sont
toutes lancées dans
le fumage du saumon
dans les années 60-70.
D'autant plus volontiers
que la Norvège
n'exportait que du
poisson frais sans le
transformer.

B.L.

Boulogne est la porte
d'entrée française du
saumon norvégien, une
matière essentielle pour
de nombreux mareyeurs,
transformateurs et
négociants.

À savoir

nviron 80 000 tonnes de poisson
rose transitent annuellement par
Boulogne. Un tonnage tellement
important qu'il pourrait constituer,
avec le poisson blanc, le fond de cale d'une
autoroute de la mer entre la Scandinavie et
Capécure. Cette liaison étudiée il y a plusieurs années par des professionnels de
la logistique et les instances consulaires
revient à l'ordre du jour, encouragée par les
pouvoirs publics des deux pays.

Le saumon est la matière première
de gros négociants boulonnais. Norsea,
Marine, Continentale Seafood importent
du frais. Mais de très gros volumes arrivent
aussi sous la forme congelée, ce qui a
entraîné l'apparition d'un métier particulier : trader de surgelé. Les deux plus gros
sur ce marché sont Direct-Océan et Necton.
Patron du premier, Philippe Barbe importe
20 000 tonnes par an d'Europe mais aussi
d'Asie (Chine, Vietnam) et d'Amérique (Chili,

Alaska) pour ses clients de la transformation, des GMS et de la RHF.
Le poisson rose intéresse également le
mareyage, souvent à la recherche d'approvisionnements. Pour beaucoup de professionnels de Capécure, le saumon sert de
variable d'ajustement qui permet de maintenir le niveau d'activité dans les ateliers. À
la différence des apports locaux, il se commande à l'avance et à un cours connu. Et il
demeure l'une des espèces les plus achetées par les consommateurs français.
Les éleveurs norvégiens ont installé
leurs propres têtes de pont pour écouler leur production dans le sud de l'Europe. Marine-Harvest, premier producteur
mondial, est aussi le principal acteur sur
Boulogne. Il a construit sa nouvelle unité à
l'entrée du port en 2012. La filiale française
du groupe Leroy a son siège à Capécure.
Toutefois, son président Henri Lapeyrère
a préféré le site d'Arras, situé en bordure
du corridor Norvège-Paris, pour implanter l'un de ses deux outils de transformation (Fishcut) - l'autre est dans le Lyonnais.
Spécialiste des produits de la mer appertisés, Delpierre Mer et tradition distribue
des conserves de saumon (¼ Hansa) cuisinées à la sauce moutarde et à l'aneth, à
la tomate ou à l'estragon. Les fabricants
de plats cuisinés, comme les Entrées de
la mer à Wimille ou La Dieppoise à Bercksur-Mer, ne sont pas les derniers à utiliser
le saumon. Findus, qui commercialise du
poisson nature (en filets, en tranches ou en
pavés) ou du pané (les fameux Croustibat),
cuisine aussi du saumon sauvage du
Pacifique-nord en sauce : au beurre blanc,
à l'oseille, au curry doux, à la fondue de poireaux, à la piperade ou au coulis d'épinard.
Océan délices fabrique un million de rôtis
de saumon farcis par an tandis que sa filiale
Traiteur côté mer se sert du saumon pour
garnir ses sushis. ■

Le poisson transformé à Boulogne-sur-Mer vient principalement de Norvège. Les 80 000
tonnes annuelles de saumon, sans compter le poisson blanc, qui arrivent par camions
ne pourraient-elles pas constituer un fond de cale pérenne justifiant la création d'une
liaison régulière entre Boulogne et la Norvège ? À une époque où l'Europe souhaite
limiter le transport routier, il est intéressant de remarquer que le lien maritime expertisé
entre Larvik (sud du fjord d'Oslo) et Boulogne est 34 % plus court que par la route.
Le député-maire de Boulogne, Frédéric Cuvillier, défend depuis plusieurs années
ce projet. Le 13 février, il a invité l'ambassadeur de Norvège en France, Rolf Einar
Fife, à visiter le hub des produits de la mer, principale porte d'entrée européenne
du poisson norvégien. Lui aussi souhaite faciliter les initiatives, d'autant qu'elles pourraient bénéficier d'aides européennes.

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PRODUITS DE LA MER N°153 JUIN 2015

B.V.

L'idée d'un fish corridor avec la Norvège 

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